National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0066 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 66 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

38   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

aide, à nous fournir gracieusement des guides et des escortes, à nous préparer des logements vastes et commodes à chaque étape.

Le 29 juin, nous entrons à Yârkend par la Porte d'Or, nom splendide auquel les choses ne répondent guère. Ruelles sales et étroites, cases à l'aspect sordide, grouillement de mendiants hives et haillonneux, d'enfants nus, de chiens faméliques, goitres monstrueux, ventres énormes, jambes démesurément gonflées, voilà ce qui frappe en entrant dans cette ville célèbre. L'air est malsain, l'eau est infecte, noire, vaseuse, frétillant d'animaux innombrables; peu de voyageurs séjournent à Yàrkend sans y avoir la fièvre et la diarrhée. En revanche, quelle admirable campagne ! quels beaux arbres ! quelles riches cultures ! quel fourmillement de fermes et de villages ! La vie y est d'un bon marché inoui : le froment se paye 6 fr. 50 le quintal au bazar.

Une chose curieuse dans les environs de la ville, c'est le grand nombre de ravins, de falaises taillées à pic dans l'argile blanchatre. Dans les flancs de ces falaises, des grottes sont creusées, qui servent de demeure à une foule de pauvres gens. On trouve de ces falaises et de ces grottes partout en Kachgarie, mais nulle part, peut-être, autant qu'å Yîu'kend. Le nom de la ville est, du reste, significatif à cet égard ; il veut dire « la ville des ravins et des falaises » et la tradition indigène rapporte qu'autrefois la population de Yàrkend était entièrement troglodyte.

Yàrkend est le centre du commerce du Turkestan avec l'Inde et les sujets anglais y occupent la même situation prépondérante que les Russes à Kachgar, quoique ceux-ci fassent à Yârkend aussi de sérieux progrès. L'oasis, qui est le plus considérable de la Kachgarie, s'étend sans interruption jusqu'à Kerghalyk, sur une longueur de plus de 70 kilomètres. Cependant tout cet espace n'est point cultivé, car à prés de 10 lieues de la ville s'étend une plaine marécageuse, couverte de roseaux, de buissons de djaglula et d' Min. Ce lieu s'appelle Totouz Keupruh, à cause des neuf ponceaux que traverse la route. C'était naguère une forêt infestée de brigands, terreur des marchands, source d'ennuis pour l'administration. Celle-ci, voulant avoir la paix, et ne