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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0072 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 72 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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44   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

la ville en croix, rues étroites, sales, encombrées de pourceaux et puant l'âcre eau-de-vie de riz, de petites boutiques occupées seulement le jour du marché, le jeudi de chaque semaine. La ville musulmane, contiguë i. la chinoise, est beaucoup plus grande et plus ancienne. Elle est ouverte depuis qu'est tombée en ruines la trop vaste muraille élevée il y a trente ans par Habîboullah Hfidji. Les rues, aussi étroites et â peine plus propres que celles (le la ville chinoise, sont bordées de petites maisons en torchis, couvertes d'un toit en terrasse, surmontées parfois d'un premier étage frêle et branlant au vent. Ces constructions sont si peu solides qu'elles durent rarement plus de vingt ans. Les chambres sont généralement basses de plafond, sauf chez les riches, sans plancher ni dallage, mal éclairées et humides ; aussi la population vit-elle le plus souvent dehors, sur le toit ou sous l'auvent. Cette habitude donne une certaine animation, en dehors des heures de sieste, â ces petites villes du Turkestan malgré l'indolence habituelle aux Musulmans. Les jours de bazar, il est impossible de circuler ; toute la population de la ville et des villages voisins se presse dans les rues pour voir et se faire voir, quelquefois pour acheter ou vendre ; le passage est obstrué par de petits colporteurs, par des mendiants sains ou malades, entiers ou estropiés, sages ou fous, tous vêtus de loques étrangement dépenaillées, par des chanteurs ambulants, par des conteurs en plein vent qui, entourés de badauds, récitent avec une voix et des gestes tragiques les exploits légendaires d'Ali, d'Alexandre le Grand et de Roustem.

Le préfet chinois, Kan Chen Mao, se montra fort obligeant et nous traita bientôt en amis plutôt qu'en étrangers. A peine étions-nous arrivés, qu'il nous invita it un de ces pantagruéliques et interminables dîners chinois, qui lui aurait bien coùté dix louis par tête s'il n'avait réquisitionné gratuitement de son bon peuple ce qu'il lui fallait pour recevoir dignement ses hôtes. Les relations entre nous continuèrent sur le pied de la familiarité la plus grande, chose rare entre Chinois et Européens ; nous nous voyions plusieurs fois par semaine, laissant de côté la plupart des cérémonies compliquées de la politesse chinoise, symbole très