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0078 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 78 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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50   MISSION SCIENTIFIQU[ DANS LA. HAUTE ASIE.

blement en été et devient, en juillet et en août, un flerive majestueux, large de cinq cent cinquante mètres, aux eaux boueuses, profondes et rapides. La rive gauche, plage caillouteuse limitée par un rideau d'arbres, est alors un lieu de rendez-vous pour les oisifs de la ville, et ~l Khotan chacun est oisif quand il lui plaît. Tous, hommes et femmes, en habits de fête, aux couleurs criardes, à pied, :t fine, à cheval, en charrette, pole-mêle dans la poussière de la route, s'en vont au bord de l'eau pour voir grossir le fleuve, badauder, bavarder, médire (lu tiers et du quart, commenter les derniers échos politiques, flirter, jouer aux cartes en dépit de la loi, boire le thé, fumer le hachich, et aspirer la brise fraîche qui descend le long de la rivière. Le jour de notre départ il v avait plus de monde que de coutume, curieux que l'on était de nous voir passer le fleuve. Ce passage n'est pas aussi simple qu'on le pourrait croire car il n'y a ni gué, ni pont, ni bac. On n'a pour tous moyens de transport que deux troncs d'arbre creusés, en sorte que le grand village (le Youroungkach, situé sur l'autre rive, est privé pendant plusieurs mois de relations commerciales avec la ville. Il v a quelques années, un préfet, zélé pour le bien public, donna l'ordre (le construire un Dont. Les riches fournirent l'argent, les pauvres le travail et le pont fut achevé avant la fin (le l'hiver. Tant qu'il n'y eut pas d'eau, tout alla bien: on passait à côté du pont; mais dès que l'eau vint, le pont partit. On n'avait pas renouvelé l'expérience : nous filmes obligés (le nous contenter des deux troncs d'arbre et il nous fallut cinq heures et demie pour tout transporter de l'autre côté.

De Khotan deux routes conduisent à Polour, l'une passant par la plaine de Kéria, l'autre par les montagnes de Tchakar, contreforts de 1'Altvn t:igh. Dutreuil de Rhins choisit la seconde parce qu'elle présentait un plus grand intérêt géographique, bien qu'elle eût été déjà explorée. La )remiére journée on marche en oasis jusqu'au bazar de Sampoula; puis l'on traverse une plaine sablonneuse et déserte qui se ravine de plus en plus h mesure qu'on avance. Perchée sur le sommet d'une falaise à pic, une maison isolée au milieu de ce désert qu'elle domine, sert de point de repère et de refuge au voyageur. C'est la