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0082 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 82 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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54   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

d'or en un jour, å ce que l'on assure, pour acheter un kilogramme de

farine (0 fr. 06).

La population nous reçut fort bien, mais avec quelque chose de contraint et de forcé. Évidemment ces gens étaient inquiets de nous voir arriver. Ils avaient eu des difficultés avec de précédents voyageurs ; ils craignaient que ces difficultés ne se reproduisissent, que nous ne fussions trop exigeants, qu'eux-mêmes, en se montrant trop zélés pour notre service, ne fussent en butte à la malveillance des autorités chinoises, ou qu'inversement, en nous créant des obstacles, ils ne s'exposassent å notre ressentiment. Polour était entièrement dans la main du mingbàchi Toursoun Mohammed et de son frère Kalpa. Le premier, que le sous-préfet de Kéria avait surnommé l'ours, était un gros homme, lourd, épais, barbu, avec du poil dans les oreilles. Peu souple et peu fin, malgré sa ruse, il se laissait mener par son frère, vrai type de montagnard madré. Celui-ci, que ses soixante ans n'empêchaient pas d'être encore très vigoureux et dur à la fatigue, n'agissait que par compas et par mesure. Lorsqu'il causait, il avait l'habitude de frotter avec sa main son menton rasé qui grinçait sous la caresse, et il y avait (le la malice dans ses yeux gris, et sur ses lèvres minces un sourire ironique, qui rendait souvent difficile de savoir s'il était sérieux ou s'il se moquait. Du reste il était habile aux circonlocutions, aux réticences, aux atténuations de la pensée et savait, lorsqu'il le fallait, trouver l'expression juste et nette. J'ai toujours été frappé de la dextérité de parole qu'on rencontre chez un grand hombre de ces barbares ignorants et illettrés, Turcs ou Tibétains.

Dès le 17 août, Dutreuil de Rhins commença avec moi et deux hommes seulement une première reconnaissance à l'est de Polour pour chercher une route qui conduisît à travers la chaîne de l'Altvn tAgh. 11 existe bien un chemin dans le sud de Polour par le Kouràb et le Kyzyl davân, mais il avait été reconnu auparavant en descendant par MM. Carey et Dalgleish, en remontant par M. Grombtchevsky. Nous remontâmes la rivière de Kéria par des sentiers de chèvres, grimpant à des montagnes abruptes et dominant de profonds ravins.