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0084 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 84 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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56   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE AS1E.

doux et nous réussîmes ů glisser sur le sol sans accident. Pendant ce temps, notre coquin de guide nous regardait curieusement d'en bas. Dutreuil de Rhins n'oublia pas le mauvais plaisant et, à son retour, lui fit administrer, dans les formes, une sérieuse correction. Nous arrivâmes ainsi au petit village de Loutch, nous explorâmes les gorges des environs où quelques Chinois exploitent un jade abondant mais médiocre, nous pénétrâmes jusqu'au séjour des marmottes et des antilopes, jusqu'à une moraine de glacier ä 4,750 mètres d'altitude, au pied d'une masse gigantesque de glace et de neige qui ne laissait aucun espoir.

Nous retournâmes å Polour par une route moins fantaisiste que celle par où nous étions venus.

Ayant porté à quinze le nombre de nos ânes et acheté vingt moutons pour la nourriture des hommes, nous nous dirigeâmes sur le Kyzyl davân (27 août). Plusieurs hommes de Polour, dont Kalpa, nous accompagnaient. Après avoir passé Aladjay (2,900 métres), le dernier endroit où l'on trouve des cultures d'orge, on remonte la gorge profonde du Kourâb, large en moyenne de cent mètres, en coupant et recoupant sans cesse le lit pierreux du torrent ; puis, la gorge se rétrécissant de plus en plus, on est forcé d'escalader des éperons de montagnes Usés hauts et abrupts, où les bagages doivent quelquefois être portés â dos d'homme, de défiler par d'étroits sentiers en corniche, d'où l'un de nos chevaux fut précipité au fond d'un ravin de deux cents pieds, et l'on arrive A Kâr iâghdé (3,855 mètres) sur le flanc d'une montagne couronnée de neige. Le 29 août, nous avions â peine levé le camp que le premier cheval de la caravane, s'étant heurté â une pointe de rocher qui avançait sur le sentier, fut jeté de côté, perdit l'équilibre, glissa sur la pente très raide, fit des efforts désespérés pour se retenir, puis, emporté par le poids de sa charge, tourna sur lui-même de plus en plus rapidement, et enfin fut lancé en quelques bonds énormes et effroyables dans le lit du torrent où il s'abîma avec un fracas redoublé et prolongé par l'écho. Dutreuil de Rhins donna l'ordre de faire halte, de planter la tente et, laissant toute la caravane à Kâr iâghdé, partit