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0091 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 91 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1891.   63

une vaste vallée plate et marécageuse, semée de petits lacs, couverte d'une mince couche de neige, bordée à l'ouest par une chaîne ininter-

rompue de glaciers immenses si largement étendus qu'ils semblaient hauts à peine de quelques mètres. Nous étions A l'altitude de 5,470 mè-

tres et nous crûmes être arrivés à la source de la rivière et A la fron-

tière du Tibet mais c'était une erreur comme nous le constatâmes l'année suivante. L'éclat du soleil sur la neige de la plaine, le déroule-

ment dans l'air vibrant de cette blancheur jusqu'à l'horizon lointain,

sans aucun détail, aucune ombre pour reposer le regard, endolorissaient les yeux comme si on les perçait de milliers de pointes d'ai-

guilles. A l'étape, les hommes aveuglés, la tête malade, se déclarèrent

incapables de travailler et se couchèrent sur le sol sans planter leur tente ni préparer leur repas. Cependant, le lendemain, comme, au

lieu de pénétrer plus au sud, nous redescendions la vallée pour nous

diriger au nord-est sur Kara say, tous se ranimèrent et arrivèrent presque gaîment au campement de Hatamning touzi, terrasse herbeuse

sur la berge gauche du Kéria dâria. En face, un mur de pierres sèches contre le flanc de la montagne est appelé Hatamning Ui, la maison de Hatam. Ces noms sont autant de souvenirs du roi du La-dag dont j'ai déjii parlé.

Le 29 septembre, nous étions au point d'où les hommes de Polour qui nous avaient accompagnés devaient s'en retourner. La nuit venue, comme il gelait dur, nous étions blottis sous notre tente de feutre, avec nos oreilles sous nos bonnets, nos mentons clans nos collets, nos mains dans nos manches, et de temps à autre nous frappions le sol de nos pieds, pour éviter l'engourdissement. Kalpa était avec nous, et,

tout en causant, nous buvions des tasses d'un breuvage qui du thé n'avait que le nom et la couleur, ayant l'odeur et le goût de l'âcre fumée des yyapkűk dont on s'était servi pour le faire bouillir. Pour

encourager le vieux renard à la franchise, nous lui montrions la plus amicale familiarité. Tout å coup, il nous dit : « C'est avec le plus vif regret que je me rappelle le malheur arrivé il vos chevaux lors de votre premier voyage it Gougourtlouk. Mais alors nous nous connais-