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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0093 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 93 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1891.   65

jours très durs. Nous avions noté quarante degrés de chaleur au soleil de midi et le thermomètre baissa jusqu'å 20° au-dessous de zéro. Le matin en • partant nods tremblions de froid, nous avions les mains enflées et crevassées par la gelée à manier la boussóle et le crayon; au milieu du jour un soleil ardent nous brûlait le visage et, presque aussitôt, dès deux heures dé l'aprés-midi un vent vif et glacé se levait, amenant avec lui la neige et la grêle. L'altitude, presque. toujours supérieure å cinq mille métres, nous suffoquait, rendait pénible le Moindre mouvement, la moindre parole. La nuit, enfouis sous d'épaisses couvertures qui suffisaient difficilement à ranimer nos membres engourdis, nous étions souvent :ré'ieillés par une sensation d'étoúffement et d'angoisse, qui nous forçait de sortir de la tente et d'aspirer avidement l'air avare. Joignez la mauvaise nourriture infectée de fumée, la mauvaise eau, salée ou amère. Il n'en fallait pas tant pour abattre notre personnel. Pendant deux jours il y eut en tout trois hommes valides; les autres, aveuglés, pris du mal de montagne, harassés par (les efforts physiques continuels, les mains ensanglantées par les tentes qu'ils devaient replier encore toutes chargées de neige glacée, étaient tous hors de service. Les chevaux furent moins heureux encore et furent pour nous une source d'inquiétude grave. Pendant dix-huit jours nous ne trouvâmes point d'herbe qui. leur convint; partout des rochers, de la neige et quelques yapÁdl, espèce de plante .très basse, å racines extrêmement dures et profondes, servant à faire du feu, la seule chose it peu prés qui ait le courage de pousser dáns cet affreux pays. L'Orge manqua bientôt. Expósés å la•neige et au froid de la nuit avec une nourriture insuffisante les animaux commencèrent à périr. Nous leur abandonnâmes tout notre pain et notre riz et nous fiâmes réduits å manger uniquement du mouton ; or, des moutons á jeun depuis plusieurs semaines ne sont ni bien gras ni bien succulents ; les nôtres n'avaient plus, à proprement parler, que la láine sur les os. Quant à la chasse, il n'y fallait pas songer : 'le pays est absolument désert et l'on ne voit même point passer une aile dans le ciel.

Cependant notre route se jalonnait en arrière des cadavres de nos

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