国立情報学研究所 - ディジタル・シルクロード・プロジェクト
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Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 | |
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1 |
70 MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAU'T'E ASIE.
garde du tombeau. Ces agapes pieuses tiennent lieu de messe et de
procession.
Descendant le ravin de Kara say, le long duquel on rencontre des cavernes habitées par des pâtres l'été, on sort enfin du labyrinthe montagneux et l'on aboutit â un plateau légèrement accidenté qui s'abaisse sur la plaine désertique. Il n'y avait plus désormais de murailles de rochers et de glace pour borner notre vue ; elle pouvait s'étendre
librement dans l'espace. A la vérité, elle y gagnait peu : à nos pieds s'étalait une mince bande de verdure sèche et poudreuse semblable it
un vieux tapis usé et décoloré, au delà le désert se déroulait sans fin
et la poussière enveloppait tout de sa morne grisaille, voilait le soleil, souillait le ciel, mettait à l'horizon un brouillard épais. Mais nous
étions comme des prisonniers à qui l'on a ouvert la porte de leur prison et qui se soucient peu que la place par où ils sortent soit belle ou non.
Au point où le Kara say débouche sur le plateau, se trouve une sorte de village formé d'environ dix maisons souterraines. On pénètre
dans ces taupiniéres, toutes composées d'une chambre unique, par un couloir en pente fermé d'une claie. Un trou rond, pratiqué dans le plafond, sert également mal de fenêtre et de cheminée, il y entre aussi peu de clarté qu'il en sort de fumée. La fumée s'unit fort à propos ů .
une affreuse odeur de bouc et de lait aigre pour suffoquer celui qui vient du dehors ; par la plus grande sécheresse, il régne toujours li-
dedans une humidité moite et répugnante, et, quand il pleut, le plafond
ne manque pas d'être traversé par l'eau, s'il ne s'écroule. Quand on s'est habitué â l'obscurité, on aperçoit, faisant cuire son brouet de
mais, une femme vêtue d'une grande chemise rapiécée qui fut blanche,
puis pêle-mêle, un tas de broussailles sèches, un coffre, un petit berceau de bois sans support oit crie un enfant nu, une baratte it
beurre, des vases de bois vides ou pleins de lait, un jeune cabri tetant sa mère, quelques couvertures déchirées et pouilleuses avec un traversin luisant de graisse. Les pâtres n'habitent lit que pendant l'été. En automne, ils vont s'établir plus bas, â la lisière du désert dans des
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