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0104 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 104 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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72   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

y, est engagé, on ne retrouve plus ni dans l'Altyn tàgh, ni, å plus forte raison, dans l'énorme Oustoun tâgh, les tableaux variés et agréables des Alpes : c'est énorme, mais d'une monotonie énormément assommante en général, tandis qu'ici l'élégant profil de la haute chaîne se détache brillamment sur un beau ciel et que la vue s'y repose gaîment de la nudité des plateaux déserts. »

Après avoir franchi la rivière encaissée du Tolân Khodja, on atteint le bord du Souget dâria dont le lit très large, rocailleux, sans verdure, au milieu duquel coule un petit filet d'eau, s'étend entre deux hautes falaises verticales. Rien ne serait plus triste sans un bouquet de quinze saules qui s'élève près du ruisseau, saules vénérables, aux troncs vastes et creux, aux branches noueuses, aux formes fantastiques ; pleins de sève encore, malgré leur vieillesse extraordinaire, ils versent une ombre libérale au tombeau d'une sainte femme en faveur de qui Dieu créa cette oasis. De nombreux cycles sont révolus depuis que cette sainte vint chercher jusque-lá un refuge contre les mécréants qui avaient dispersé l'armée de l'Islam. Parvenue dans cette vallée déserte et solitaire, elle s'arrêta, lasse et découragée, et fichant son bâton en terre, elle se laissa tomber sur le sol et s'endormit. A son réveil, elle vit, a la place de son bâton, un grand et bel arbre qui l'abritait des rayons ardents du jour ; elle connut à ce signe qu'Allah veillait sur elle et lui commandait de rester en ce lieu. Chaque matin et chaque soir, les brebis sauvages des environs, poussées par une force mystérieuse et surnaturelle, vinrent présenter leurs mamelles pleines A la pauvre femme qui vécut ainsi durant quarante années. Après sa mort, elle fut honorée sous le nom de Koï maman, la mère aux brebis.

A côté de la saussaie, on a pu cultiver assez de terre pour y semer 90 kilogrammes de blé ou d'orge, on a creusé trois modestes demeures dans le sol et l'on a établi un petit moulin sur la riviére. Toute l'oasis est vaÄouf et paye la dîme au cheikh du ?nazőr.

Au delic de Souget Boulak, la route inclinant au nord, la végétation se fait plus maigre et plus rare sur la steppe coupée de ravins: caillouteux, puis on traverse une grande plaine de pierres, les derniers

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