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0112 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 112 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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80   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA. HAUTE ASIE.

ses lèvres une oraison entremêlée de profonds soupirs, à laquelle tous les assistants répondirent : Amin.

Ainsi munis de bénédictions, nous retournâmes sur nos pas jusqu'à Otra langar, pauvre hutte de pisé au milieu de la forêt qui sertde station aux pèlerins entre Nia et le mazâr. De là nous inclinâmes à l'est pour rejoindre la route de Tchertchen que nous voulions reconnaître jusqu'à Yartongouz. Dans ce nouveau trajet nous vîmes des masses de sable blanchâtre, imprégné de soude, qui, de loin, avaient l'apparence de fortifications démolies, de villes en ruines. Les indigènes ne manquent pas de rapporter à qui veut les entendre que ce sont là les restes d'une des trois cents cités qui s'élevaient autrefois entre Khotan et Tchertchen et qui, toutes en un seul jour, furent détruites de fond en comble par un ouragan. Si votre cheval est fatigué et que la lenteur de la marche à travers cette plaine monotone vous ennuie, vous pouvez vous divertir en écoutant l'histoire de Monseigneur Djémâl-ed-dîn et de la ville de Kédek. Il existe encore quelques ruines de cette cité jadis florissante à une journée au nord du tombeau d'Imâm Djafar. Prés de vingt générations d'hommes ont passé depuis que l'illustre docteur de l'Islam Djémâl-ed-dîn y vint prêcher la vérité. Il dépensa en vain beaucoup de zèle et de paroles ; les gens de Kédek avaient des oreilles et n'entendaient pas et la bonne semence ne germa point dans le désert de leurs âmes. Ils avaient le coeur sec et l'esprit critique; ils poursuivaient le saint homme de railleries et de quolibets, et plus il déployait les trésors de son éloquence, plus ils se moquaient de lui. Comblé d'avanies, l'homme de Dieu perdit patience, il se rappela la parole du prophète Iça' qu'il ne faut point jeter des perles aux pourceaux, dans sa colère il appela la vengeance d'Allah sur ce peuple d'impies, et, secouant la poussière de ses sandales, il sortit de la ville. Le seul indigène qu'il avait réussi à convertir était devenu mouezzin de la mosquée. Malgré les instances du Maître il ne voulut point s'exiler. Or, le lendemain avant le lever du soleil, étant monté sur le minaret pour faire l'appel à la

1. Jésus-Christ.