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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0124 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 124 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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92   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

beurre frais, de boeuf, en revanche on aura de bon pain, de bon mouton, des poulets et des oeufs, du riz, des fruits, des légumes divers, moins variés toutefois qu'en France.

Dans cette petite ville perdue au centre de l'Asie les distractions ne peuvent être nombreuses ni de bien haut goût. En fait de divertissement, de tameichű, comme disent les indigènes, on n'a guère que le jeu de oughlak, course de cavaliers qui essayent de s'eulever.les uns aux autres une chèvre servant d'enjeu, et surtout ce que, faute d'autre mot, j'appellerai les concerts, où trois artistes s'accompagnant de cithares et (le tambourins crient à tue-tête dés chansons toujours les mêmes, agréables du reste, lorsqu'on y est habitué, tandis que des amateurs dansent des bras et (les jambes des danses assez harmonieuses lorsqu'elles sont bien exécutées. La monotonie de la vie khotanaise nous eût vite lassés et ennuyés sans les multiples occupations qui nous incombaient: pour Dutreuil de Rhins les observations astronomiques à continuer, la carte du voyage à dresser, lés photographies à tirer; .pour moi, la langue à apprendre, l'état économique et social du pays à étudier, les vieux livres å rechercher, à lire et å traduire; pour tous deux, les environs à relever, les ruines (les vieilles villes et les monuments historiques ű visiter, les collections ethnographiques et archéologiques å recueillir. Ce qui mêlait un peu de douceur ű l'austérité de ces travaux, c'était l'excellence et la familiarité de nos relations avec les autorités chinoises et avec les indigènes. Ceux-ci ne manquaient point de gaîté et de bonne humeur sous l'écorce de gravité gourmée dont l'islamisme revêt tous ses enfants. Badauds et baguenaudiers, bavards et curieux, ils s'inquiétaient fort de ce que nous faisions, et, pour amuser leur oisiveté, pour donner du piquanta leurs causeries, ils cherchaient à notre présence à Khotan les raisons les plus mystérieuses, les plus saugrenues. Que nous fussions venus pour nous emparer à nous deux du pays tout entier, c'est ce dont personne ne doutait; mais on n'était pas d'accord sur les moyens que nous pourrions employer. On parlait vaguement d'engins puissants capables d'envoyer toute une ville aux étoiles, de partisans cachés dans les dunes du désert, et,