National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0126 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 126 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

94   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

fraîcheur de l'hiver faisait la marche moins pénible ; aussi, quoique les chevaux de poste que j'employai fussent plus dignes de servir aux illustrations de Don Quichotte qu'à celles des Quatre fils Aymon, je franchis en neuf jours les 485 kilomètres qui me séparaient de Kâchgar. Ma destinée était de parcourir cette route trois fois encore dans les mêmes conditions, je veux dire sans ordres spéciaux des autorités, sans escorte officielle, avec la simplicité la plus grande, et chaque fois, je rencontrai partout, dans les villes, dans les villages et dans les moindres hameaux, l'accueil le plus gracieux. Je ne louerai pas l'hospitalité des indigènes puisque j'en payais les frais, mais je louerai chez eux quelque chose qui ne se paye point : les bons procédés, les prévenances, la cordialité des entretiens. En route je constatai une certaine fermentation dans les têtes un peu légères de ces braves gens avides de nouvelles à sensation, commentant le moindre bruit, grossissant ce qui est, inventant ce qui n'est pas et toujours les premiers ů croire à leurs propres inventions. Ils avaient appris la prise par les Anglais de ce minuscule pays de Kandjout et les imaginations de se donner carrière les Sipahs allaient venir à Kâchgar, les Cosaques étaient en chemin, ils approchaient, ils étaient arrivés et l'on en connaissait le nombre exact ; c'était pour cela évidemment que le Français allait à KAchgar. J'eus quelque peine à persuader aux plus sages qu'ils étaient le jouet de leur fantaisie.

Le29 janvier au matin, j'arrivai à KAchgaroù M. Petrovsky m'offrit généreusement l'hospitalité. Ce ne fut pas sans plaisir que je me retrouvai après sept mois dans une maison européenne, au milieu d'une société européenne, si restreinte qu'elle fat. Il y avait alors, à côté de M. Petrovsky, le secrétaire du consulat, M. Loutch, bien connu par ses intéressants travaux de philologie turque, et dont la présence contribuait à l'agrément de ce petit coin d'Europe. Du côté anglais, M. Younghusband était parti et avait été envoyé à Gilgit; M. Macartney restait seul et nous passâmes à causer ensemble sur la terrasse du Tchinbâgh de longues heures qui comptent parmi les plus agréables de mon voyage.