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0134 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 134 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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102   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

s'était pas démentie un instant en ce long séjour, je bouclai mon sac et allai rejoindre Dutreuil de Rhins. Il avait occupé ses loisirs forcés à de sérieux travaux et avait su, malgré l'absence d'interprète, entretenir les plus amicales relations avec tout le monde et particulièrement avec les fonctionnaires chinois. Le préfet qui nous avait reçus l'année précédente, Kan Chen Mao, venait d'être changé. C'était un gros homme aux yeux étroits qui aimait ses aises et les bons dîners et ne craignait point l'opium. Négligent (le la chose publique et soigneux de ses propres intérêts, il connaissait plus de manières que Panurge de gagner de l'argent ; il avait transformé son y~t-men en fabrique d'objets de jade dont il ne payait pas les ouvriers, il vendait la justice et les offices, percevait plus d'impôts qu'on n'en devait, usait de fausses balances pour peser l'argent, spéculait sur le taux des lingots qu'il fixait lui-même, achetait des marchandises à un bon marché arbitraire et les revendait à un prix fabuleux, imposait des corvées aux pauvres, et réclamait des riches des dons volontaires, toutes .choses permises, si l'on a du tact et l'esprit de mesure. Mais notre ami fut intempérant, on se plaignit à Ouroumtsi et le gouverneur, trouvant qu'il prenait trop 'pour son rang, le rappela et le renvoya dans ses foyers dans le Hou-nan. Nous l'aurions regretté davantage s'il n'avait été remplacé par un aussi bon homme que Kiang Yu Pao. Celui-ci, très vieux, très grand, très maigre, le chef chenu et branlant, la main tremblante comme la feuille au vent d'automne, la figure osseuse mais fort sympathique, ressemblait à quelque bon vieux saint d'antan sorti d'un livre de légendes. Jamais, au cours de notre voyage, nous n'avons rencontré personne qui se soit montré plus prévenant, plus aimable, plus empressé à nous être utile. Fonctionnaire sérieux et honnête, il ne dédaignait pas la plaisanterie à l'occasion et se plaisait à causer avec nous avec une familiarité enjouée. Un autre de nos amis, c'était le commandant de la cavalerie Kun Pin, un grand gaillard, un peu gros, à la tournure martiale, å la voix sonnant comme une trompette. Cet excellent homme avait un fort beau jardin potager dont il nous envoyait souvent les produits. Nul ne s'entendait comme lui à ranger en bataille