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0138 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 138 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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106   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

ce surnöm ambitieux. I1 avait suivi la fortune de nombreux explorateurs sans réussir ů faire la sienne. Il avait accompli avec Carey et M. Bonvalot des voyages considérables et il ne craignit pas de nous accompagner encore. Il avait la manie de collectionner en route tous les vieux bouts de corde, les morceaux de fer qu'on jetait comme inutiles et encombrants, et d'en surcharger en cachette les animaux, espérant en tirer un bon parti it la première ville. Ce brocantage ne l'avait pas enrichi, mais il s'y obstinait avec une persévérance digne d'un meilleur salaire. Quant aux appointements qu'il touchait pour ses services, il n'en profitait guère, ayant le principe de maintenir toujours au complet l'effectif de quatre femmes légitimes que le Koran accorde au croyant, et cela sous le prétexte fallacieux que, comme il ne payait jamais leurs dots, plus il en prenait, plus il gagnait; aussi changeait-il souvent, comptant qu'il mettrait enfin la main sur une épouse ů héritage dont le sac bien garni lui permettrait de mettre un terme à ses pérégrinations et de reposer sa tête fatiguée. Nous nous procurilmes un interprète pour la langue tibétaine en la personne d'un certain- Emin bele, descendant d'une famille de Kalouga' tibétains du La-dag. Ce grand seigneur au petit pied s'était jadis brouillé avec son père qui refusait de subvenir i ses folles dépenses. Criblé de dettes, il avait passé les monts, s'était réfugié à Ytirkend où il s'était fait musulman. 11 se souciait autant de Mohammed que de Bouddha et la religion ne l'embarrassait pas ; il avait seulement pensé que sa conversion l'aiderait à faire des affaires avantageuses. Cette combinaison n'ayant pas eu d'autre succès que de multiplier ses dettes et d'épuiser son crédit au Turkestan comme au La-dag, il s'était joint à notre caravane. Je ne crois pas que ce fût pour désintéresser ses créanciers.

Le 18 juin, nous quittiimes Khotan et le préfet lui-même monta bravement sur sa mule pour nous accompagner jusqu'au sortir de la ville. Ayant rencontré dans la rue quelques malheureux condamnés au supplice de la cangue, il voulut bien en notre honneur leur faire gràce

1. Fonctionnaires de rang supérieur, analogues aux beles turcs.