National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0144 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 144 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

112   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

eile, les mouvements pénibles, la tête malade et faisait grincer tous les rouages de la machine humaine. Les indigènes étaient mal vêtus, mal nourris, sans abri. Nous les renvoyâmes donc, excepté huit, dont six devaient nous suivre pendant trois jours encore et deux pendant

sept.   .

Nous reprîmes notre marche dans la direction de la source du Kéria Dâria. La saison était décidément mauvaise et le ciel plein de caprices. Un moment le temps était clair, le soleil brûlait et nous nous débarrassions de nos trop lourdes fourrures ; soudain un grand souffle de vent passait, des nuages noirs accouraient, s'accumulaient, apportant la neige et la grêle et, de rechef, nous nous enveloppions dans nos peaux de mouton, tout grelottants de ce changement subit. Mais le plus grave était que les neiges tombées au printemps et en été se fondaient et transformaient le pays en une vaste fondrière. Les vallées étaient inondées, le sol des coteaux était boueux et mou. Une grande plaine que traverse le haut Kéria Dâria; oii en 1891 nous n'avions vu que deux petits lacs, était devenue un bassin plein d'eau. Nous étions forcés de nous tenir autant que possible sur les hauteurs, ce qui augmentait la difficulté de la marche par des montées et descentes perpétuelles ; les chevaux enfonçaient dans le terrain détrempé jusqu'aux genoux, quelquefois jusqu'au ventre; harassés de fatigue, suffoqués par l'altitude, frissonnant • de froid, privés d'herbe, dégoûtés de l'orge qu'ils refusaient, ils dépérissaient rapidement et le 22 août nous en avions déjà perdu deux. Huit hommes sur treize étaient malades, les autres se traînaient comme ils pouvaient, Dutreuil de Rhins lui-même était fort souffrant.

Nous avions atteint cependant le pied des immenses et magnifiques glaciers où la rivière de Kéria prend sa source. Nous 'réussîmes â franchir par un col de 5,550 métres la chaîne de l'Oustoum tâgh qui était ainsi traversée pour la première fois par des voyageurs vénus du Nord. L'eau ne coulait plus vers le Turkestan et l'on pouvait se considérer comme arrivés en pays tibétain ; à deux jours de marche on. rencontra déjä des pierres noircies par le feu sur lesquelles des chasseurs du Tibet