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0146 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 146 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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114   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

notre voyage â travers ces solitudes monotones et désolées, où l'air
nous étouffait comme une cuirasse de plomb, où le froid nous gelait

les pieds, nous crevassait la figure et les mains. On n'entendait rien

que 'le sifflement sans relâche, âpre, furieux, du vent d'ouest qui
semblait être la voix de la montagne maudissant les perturbateurs de

son repos séculaire. On ne voyait rien qu'une succession de collines ternes, parfois blanchies de neige, se traînant tristes et basses comme lasses d'être montées si haut. Rien ne poussait sur le sol aride que ç<

et là quelques brins durs et courts d'herbe jaunâtre. Rien ne se mouvait dans le ciel ni sur la terre ; seulement de temps å autre on voyait

filer au loin, bien loin, rapide comme une flèche, une forme vague d'antilope, de yak, de cheval sauvage. Quelquefois cependant un beau paysage réveillait l'attention, comme sur les bords du Yéchíl koul, le premier grand lac que nous ayons rencontré (25 août). Il étendait jusqu'au pied de hautes montagnes étincelantes de neige ses eaux d'un azur éclatant et sans nuances, immobiles et comme endormies clans le silence absolu de la nature environnante, silence que ne troublait même pas le bruit d'un vol d'oiseau.

Depuis ce lac, qui est â deux journées de la source du Kéria d'Aria, on suit une série de longues vallées et de cirques au sol rougeâtre, resserrés entre des chaînes de montagnes dont les sommets et les flancs septentrionaux seuls, à partir de 5,500 â 5,600 mètres, conservent •leur manteau de neige et derrière lesquels, vers le sud, se montraient les cimes des gang-ri ou glaciers, qui forment une troisième chaîne, â peu près parallèle â l'Oustoun tâgh et à l'Altyn tagh.

Après avoir longé le petit lac Tâchlyk koul et fait le tour du Soumdji tso, nous vîmes, le 4 septembre, le premier tibétain. C'était un chasseur qui avait de longs cheveux en désordre et une figure sauvage et portait un mousquet â mèche et â fourche d'une longueur démesurée. Il nous donna une vive impression que nous étions entrés désormais dans un monde nouveau et étrange. Dans la crainte des autorités de son pays, il refusa d'abord de répondre à nos questions ; mais, comme d'autre part, il ne nous craignait pas moins que les-