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0150 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 150 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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1.18   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA IIAU'I'E ASIE.

ses écarts n'avaient pas dépassé 31 degrés à l'ombre ; mais par 5,300- 5,400 métres, avec du vent, une mauvaise alimentation et les efforts physiques qu'on est obligé de faire, on devient trés sensible à de tels écarts. Pendant les trois derniers jours (le marche, nous avions perdu six chevaux ; au bord du Rga-yé Hor-ba tso, malgré l'herbe et le repos, nous en perdîmes encore six. De trente-six, il ne nous en restait plus que vingt-quatre très fatigués. Les ânes, harassés, étaient incapables de fournir d'assez longues étapes pour atteindre les régions habitées avant le manque de vivres, c'est-h-dire avant quatorze jours.

Les pertes ne pouvaient que s'accroître rapidemept dans ce désert, dont l'altitude ne diminuait pas, où l'herbe est si rare et si mauvaise, et que barraient au sud des glaciers que les animaux survivants, épuisés, n'auraient pas eu la force de franchir. Enfin, Dutreuil de Rhins, parti de Polour dans un mauvais état de santé, était malade au point de m'inspirer de sérieuses inquiétudes, malgré le soin qu'il mettait à ne rien laisser paraître. Il souffrait des hémorróides, d'un eczéma, du scorbut et de violentes douleurs du côté du coeur. Il crachait du sang et ses gencives enflées l'empêchaient de mâcher les aliments.

Dans ces conditions, il eùt été insensé de poursuivre l'exécution de notre projet primitif. Dutreuil (le Rhins se résignait pourtant difficilement å l'abandonner. Il prit mon avis et je lui conseillai de tenter le passage de la coupée du sud-est, qui nous mènerait probablement

à la région des Namour, ce qui nous permettrait de résoudre un des problèmes intéressants de la géographie (lu Tibet; de lit, nous pour-

rions atteindre le Ting-ché où nous trouverions les ressources néces-

saires pour continuer notre voyage ou, du moins, pour rentrer au Turkestan par une route nouvelle ; et ce serait là encore une fort belle

et utile exploration. — « J'y ai déjå songé, me dit-il, mais les chevaux

sont en bien mauvais état et qui sait si nous. ne rencontrerons pas de telles difficultés de terrain qu'elles nous empêchent de parvenir au

Ting-ché avant le complet épuisement de nos provisions ? Si nous y arrivons, nous serons dénués de tout comme des mendiants, livrés pieds et poings liés, en quelque sorte, à la merci de populations hostiles