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0153 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 153 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1892.   '121

d'un puits, et sur sa surface blême et mélancolique couraient de gros nuages gris. Malgré l'aspect sombre et inhospitalier de ce lieu, comme il est situé au point de jonction des deux routes du La-dag et de Rou-tog, nous y trouvâmes quelques Tibétains qui y viennent en été faire paître à leurs troupeaux les maigres touffes d'herbe qui croissent entre les pierres. Nous leur fîmes grand'peur, car ils nous prirent pour des brigands. Les gardiens des moutons se sauvèrent et ne rentrèrent pas de la nuit, les moutons se promenèrent librement par la montagne et il fallut trois jours pour les chercher, les ramener et en opérer le triage.

Deux aptoul, c'est-à-dire deux gendarmes, commis à la surveillance de la frontière, arrivèrent, coiffés d'un turban rouge, armés de pied en cap, portant en épaulette une boîte de cuivre contenant une image sainte, infaillible talisman contre les balles et les coups de sabre. lls nourrissaient le dessein, comme nous le sûmes plus tard, de mettre la main sur nos chevaux pendant la nuit; mais, s'étant aperçus que nous avions la mine d'honnêtes gens, ils changèrent d'avis et crurent plus expédient d'employer la persuasion. Ils furent punis cependant de leur péché d'intention.; car, tandis qu'ils s'occupaient de nos affaires, la femme du plus jeune fut enlevée par des maraudeurs entreprenants, et le pauvre mari, instruit de cette aventure au moment de déjeuner, quitta précipitamment son collègue pour courir après les ravisseurs.

Le vieux gendarme, tout en buvant avec nous quelques tasses de thé beurré sous la tente d'un indigène, essaya de nous détourner de notre chemin. Il nous dit que la route du Ko-né tso au La-dag est très mauvaise, voire impraticable, que noús devrions aller rejoindre celle (lu La-nag la si notre intention était d'aller au La-dag, que la route de Rou-tog était fermée et celle du Ko-né ding défendue aux Européens, que s'il nous la laissait prendre il jouait sa vie. Mais, comme le disait gaiement Dutreuil de Rhins, il n'était plus temps de nous jouer, nous. Nous avions appris que, par le défilé de Ko-né ding, nous pouvions nous diriger directement sur la partie nord-ouest du lac Yang-Kong, qui dépend du La-dag, et le peu de vivres que nous avions ne nous

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