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0162 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 162 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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130   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA. HAUTE ASIE.

châmes dans la neige et dans la glace, puis nous descendîmes par un sentier étroit et rapide, à travers des blocs de rocher, le long de sombres précipices jusqu'au village de Dag-Kar, oii nous plantâmes la tente à 7 heures du soir.'Nos bagages n'arrivèrent qu'à dix heures, nos moutons et leur berger ne vinrent pas du tout. Nous envoyâmes à leur recherche, mais en vain ; ils ne nous rejoignirent que le lendemain à la tombée (le la nuit. Le berger avait perdu nos traces, et, ne sachant se diriger, s'était laissé guider par ses moutons, et ceux-ci, heureux de pouvoir satisfaire leur goút pour les chemins pittoresques, l'avaient conduit loin de la route, dans des endroits étranges, et après avoir vagabondé toute la nuit au clair de la lune, ils avaient rencontré des Tibétains qui les avaient remis dans la bonne voie.

Le village de Dag-Kar est composé de quinze maisons appliquées contre une immense paroi de rocher dont elles semblent être des excroissances naturelles. Au delà l'on passe par les villages plus considérables et moins sauvages de Sag-ti et de Tchem-dé. De rares et minces peupliers découpent leur fin feuillage déjà jaunissant sur la grisaille des pierres, et, dans les champs, des laboureurs poussent leurs yaks indolents cadençant une chanson monotone et traînante. Puis l'on débouche sur la vallée de l'Inclus presque en face (lu monastère de Hi-mis peuplé d'un grand nombre de lamas Djrou-pa, l'un des plus riches et des plus célèbres du Tibet tout entier. L'Indus est là déjà un fleuve imposant, large au moins comme le Rhône dans le Valais, et ses eaux vertes et impétueuses ne supportent point de pont. Sa vallée souriait joyeusement aux voyageurs qui descendaient du désert de montagnes ; mais elle doit paraître morose et de méchante humeur it ceux qui viennent de Kachmir. Elle est assez large, encaissée entre deux hautes montagnes sombres, rocheuses, abruptes, aux couches redressées, à la crête dentelée, â peine saupoudrée (le neige. Le sol est jonché de fragments de roches entre lesquels çà et là se font place péniblement quelques champs d'orge ou de blé. Au reste le spectacle est à souhait pour le plaisir des yeux. Les Tibétains sont (le grands manieurs de pierre et ont le génie du pittoresque. Aux endroits les plus inattendus,