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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0171 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 171 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1892.   139 •

que leur intelligence soit tirée de sa torpeur par le spectacle varié .se développant devant leurs yeux qui regardent et ne voient point. Tl leur suffit d'atteindre la cité d'or, d'y accomplir les rites du pèlerinage et d'en rapporter une bonne police d'assurance contre l'enfer.

Depuis le pied du Karakoram, nous passâmes par une suite de cirques de montagnes qui semblent peu élevées, traversâmes la principale source de la rivière de Y ârkend et nous atteignîmes (2 novembre) le col de Souget, dont la montée pourrait, a. la rigueur, se faire en voiture. Aprés en être descendus par un sentier trés sinueux, escarpé, sur une couche de neige peu épaisse, nous dévalâmes rapidement par une gorge â l'aspect triste et sauvage, encadrée dans de grands massifs neigeux, chargés de brume. Nous marchions seuls en avant, en hâte de sortir du désert ; nous fûmes bientôt envahis par les ombres de la nuit qui agrandissaient la taille des montagnes et grossissaient le fracas des eaux. La clarté voilée et incertaine (le la lune nous permit de nous guider å travers un dédale de roches, une longue série de ravins abrupts et de torrents bruyants, et d'arriver, après douze heures de marche, au pied du fortin de Souget Kourghân, construit récemment par les Chinois près du confluent du torrent de Souget et de la rivière de Karakâch, afin d'affirmer leur droit de possession sur la région environnante. Ce fortin est composé simplement d'une cour carrée entourée de quatre murs ů créneaux. Notre arrivée soudaine ů cette heure indue répandit la terreur parmi la garnison, qui comprenait alors une femme kyrghyz, trois bambins et un chien boiteux. La femme d'abord ne souffla mot, pensant que, n'entendant rien ni personne, les importuns passeraient leur chemin. Mais son chien l'avait trahie et nous secouâmes énergiquement la porte, si bien que la malheureuse garnison dut livrer passage aux assiégeants. Notre mine honnête rassura les frayeurs, le chien se tut, les enfants rirent, la femme nous ouvrit une chambre vide, y étendit des feutres et alluma un grand feu de brindilles, car le froid était vif. Nos bagages ne nous rejoignirent que le lendemain soir.

Le 5 novembre, après avoir passé dans la gorge de la rivicre de