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0176 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 176 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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14I-   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE:

Imaginez la gorge la plus étroite, la plus capricieusement tortueuse, la• plus profondément encaissée entre de hauts rochers å pic, dénudés, bizarrement taillés et déchiquetés, la plus encombrée d'éboulis de roches. Arrivés au bout de cette gorge nous nous trouvâmes comme au fond d'un puits. A l'aide de boeufs kyrghyz, nous escaladâmes une des parois -du puits et atteignîmes ainsi le sommet du col .de Sandjou qui mesure 5,186 mètres d'altitude. De 15, selon qu'on se tourne au nord ou au sud, le spectacle offre un contraste saisissant. Dans le sud un -chaos monstrueux de gigantesques montagnes de neige et de glaciers resplendissants, que les rayons du soleil faisaient parfois ressembler à de grands lacs bleus dormant dans des blancheurs.polaires; dans le nord, quelques brunes collines au delà desquelles s'étend quelque chose de pareil ů un vaste océan enseveli dans un linceul de brume grisâtre : c'est la plaine kachgarienne et son atmosphère chargée de poussière. La montée du col n'avait pas été facile, mais la descente fut pire. La pente est si raide qu'en une lieue de projection horizontale on descend de 1,880 métres, et, sur 800 mètres, la pente de 45° est couverte d'une couche épaisse de glace. Les yaks sont vraiment des animaux merveilleux qui descendent une pareille montagne sans broncher et portant cent kilogrammes sur le dos. Nos chevaux, quoique sans charge, firent les trois quarts de la route autrement que sur leurs jambes; l'un d'eux glissa ,si malheureusement qu'il fut pdéçipité en bas de la vallée et se brisa la colonne vertébrale.

Au sommet du col nous 'avions rejoint une pauvre petite caravane composée d'un vieillard, d'une femme et de deux enfants. Leurs bagages et toute leur fortune étaient portés par un âne efflanqué et pelé. Le vieillard, qui avait les pieds gelés et rongés par la gangrène, était incapable de rien. La femme veillait ů tout, guidait l'âne, assujettissait le bât qui tournait, rattachait la charge qui tombait, soutenait le vieillard, portait les enfants dans les endroits difficiles. Son air souffreteux, ses traits tirés, ses yeux sanguinolents et ternes, racontaient -une vie are et de longues peines. Les malheureux, qui rentraient à Sandjou, s'étaient exposés aux dangers de ce voyage et à ses fatigues presque