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0212 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 212 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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480   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

je lui avais commandé; il avait parcouru sept cents kilomètres pour acheter quelques livres de sucre.

De la promptitude de mes hôtes à vider les sucriers et de leur façon de se présenter les pieds nus gardez-vous de conclure que ce soient (les barbares grossiers et incivils. Ces illettrés, perdus dans le fond de l'Asie, sont souvent moins lourds et moins gauches que nos campagnards. Leurs manières, comme leurs discours, ne sont point dénués d'une certaine bonne grâce naturelle. Il y avait quelque noblesse dans l'attitude de ces quarante paysans assis sur leurs talons sur l'estrade régnant autour de la salle. Le plus remarquable n'était point le bek, gros homme épais, solennel et paresseux, qui bégayait dés qu'il était embarrassé, par indécision simplement, non par ruse comme le père Grandet, qui devait son titre à la faiblesse commode de son caractère, ů la supériorité de sa fortune, â sa qualité de chef de la plus importante (les vieilles familles, celles des exilés et des vagabonds qui avaient

fondé la colonie. Parmi les membres de cette aristocratie, tous parents

ou alliés entre eux et fiers de leur origine, il y avait un vieillard,

  • maigre et voûté, venu tout petit enfant avec son père ; bavard intarissable, ayant toujours le mot pour rire, décochant force boutades et sarcasmes, il avait la bouche tordue par l'habitude du sourire railleur,

ses yeux fureteurs et perçants pétillaient d'éclairs malicieux ; on le redoutait pour son génie de l'intrigue et sa méchanceté ; il avait sur le

tard épousé une jeune femme qui l'offensa gravement ; avec la plus

froide cruauté, il lui fit subir, au moyen d'un fer rouge, un supplice horrible, qui la mit hors d'état de recommencer. Un des plus fermes

soutiens du même parti était notre voisin d'en face, un petit vieux sournois, ů la voix aigre-douce, qui ne manquait pas de venir chaque matin me présenter ses compliments et ses offres de service. Un jour vint où nous eûmes de la peine ů nous procurer de l'orge et du blé ; il nous exprima le grand regret qu'il avait de ne pouvoir nous en fournir, avant tout vendu dés la moisson aux mineurs de Kapa ou de Bokalyk ; mais il crut de son devoir de nous dénoncer tous ceux qu'il .n'aimait pas comme ayant dissimulé d'importantes provisions. Finale-