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Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 | |
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1 |
182 MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA IIAUTE ASIE.
chômait six jóurs de la semaine et celui de cultivateur. Il avait le malheur d'avoir une jolie fille et un gendre terriblement jaloux qui ne
la quittait point d'un pas et l'enveloppait de voiles épais quand, par hasard, il la faisait sortir. Tout Tchertchen se gaussait de lui. Le pis était qu'il éprouvait de la jalousie surtout contre son propre frère, avec qui, par surcroît, il était en dispute à propos du partage de l'héritage paternel. De mauvais coups et un grand scandale s'ensuivirent. Les autorités intervinrent, décidèrent de mettre aux fers les frères ennemis, et le reïs, étant le seul forgeron du pays, fut chargé de forger les fers de 'son gendre.
Les gens de Tchertchen ne se faisaient pas prier pour nous rendre les politesses que nous leur faisions. Tous les notables à tour de rôle nous invitèrent à des soirées musicales et dansantes suivies de souper, auxquelles nous eûmes la surprise de voir les femmes assister, même chez l'alim akhoun, tant certains préjugés musulmans sont peu entrés dans le sang des Turcs. Ils s'en déchargent avec joie dès qu'ils en sont laissés libres. Cela ne les empêche point d'avoir un respect profond, une vénération religieuse pour la loi coranique, seulement ils en font une interprétation aussi large et commode que possible. Les quelques notions que j'avais de leurs Écritures me haussèrent considérablement dans leur estime, beaucoup plus que je ne le méritais sans doute, mais le proverbe bien connu où il est question de borgnes est aussi vrai là-bas qu'ici. Lorsque la science réunie des membres du clergé ne parvenait point à élucider un point délicat dans un litige quelconque, ils nn manquaient point de me venir consulter et même de s'en remettre à mon arbitrage. Voici encore un fait, entre beaucoup d'autres, qui me
semble prouver le peu d'intolérance de ces musulmans en même temps que leurs bonnes dispositions à notre égard. Le jour de la grande fête
religieuse de Kourbân Baïrâm, les notables, le clergé en tête, avant de
se rendre à la mosquée pour la prière solennelle, vinrent en grande pompe m'offrir avec leurs souhaits de larges plateaux chargés de ces
pâtisseries que l'on fabrique spécialement pour ce jour-là. On ne pouvait mieux interpréter le verset du Coran oh il est dit : « Ceux. qui
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