National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0222 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 222 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

190   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

nous avait accompagnés dans le précédent voyage n'avait pas conservé de son excursion un souvenir aimable; la perspective de nouveaux glaciers avait refroidi son courage, un fiasco commercial acheva de le dégoûter. 11 avait apporté h Tchertchen un gros ballot d'opium dans l'espoir de « gaigner et prouficter honestement ». Cet habile homme avait calculé que si l'opium coûte 2 fer. 30 à Khotan et 2 fr. 70 à Kéria,. il coûterait bien davantage à Tchertchen, et, en effet, il y est hors de prix, car personne n'en achète : les indigènes ne fument pas et les quatre Chinois qui y sont établis ont de l'opium à revendre. Pour le remplacer, le sous-préfet de Kéria nous envoya une manière de géant, qui valáit beaucoup mieux que ses prédécesseurs ; il était sérieux, bien élevé, bon écrivain, avait de la fermeté clans le caractère. Sa vie ne s'était point écoulée sans aventures. Originaire du Hou-nan, il avait voyagé dans toutes les provinces de la Chine,, avait pris part dans le Kan-sou à la guerre contre les musulmans, était resté trois ans å Si-ning où il avait tâté de la neige et du froid, s'était distingué au siège de cette ville, y avait gagné une blessure et un bouton de cristal. La guerre finie et son emploi perdu, il s'achemina sur le Turkestan pour y chercher fortune, il poussa de proche en proche, ne trouvant partout que la misère, jusqu'à Kéria, la plus lointaine ville de l'Empire ; il y vécut quelques années, de hasard, de menu brocantage, avec une femme et un enfant sur le pied de 7 francs par mois. Une rancune lui était restée de cette existence manquée. Lorsqu'il se déchargeait le coeur, la dynastie mandchoue était fort maltraitée : elle avait livré le pays å une clique rapace, l'administration était corrompue du haut en bas, le mérite méconnu, les lois antiques bafouées, le peuple stupide tondu de près; mais, patience ! l'heure de la justice était proche peut-être ; dans le Hou-nan, sans parler des autres provinces, il y avait huit hommes sur dix ligués contre le régime actuel, décidés à rejeter les barbares au désert ; ils n'attendaient que l'occasion. Lui demandait-on s'il considérait que le remède aux maux présents fűt l'établissement d'une dynastie nationale, il répondait vivement : « Qu'importe que l'Empereur soit Chinois, Tartare, Japonais ou même Européen pourvu