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0224 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 224 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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192   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA IIAUTE ASIE.

qu'il gouverne bien, qu'il nous débarrasse des mangeurs de peuple ! » Si on le pressait pour savoir ce qu'il entendait par un bon gouvernement, on s'apercevait qu'il appelait ainsi un gouvernement où il aurait lui-môme une bonne place. C'est Ià le fond des doctrines politiques de ce ramassis de mandarins ratés et de scribes affamés qui, par toute la Chine, pullulent, rôdent et grouillent autour des yâ-men obstinément fermés. Ils n'ont pas toujours tort dans leurs griefs et leur ambition n'est pas leur seule force il y a parmi eux des gens intelligents, de talent, de forte volonté, et bien des fonctionnaires, non des plus petits, les encouragent sous main, prêts ii se mettre ů la tôle du mouvement dès qu'il aura chance de réussir.

Le 3 septembre, l'expédition se mit en marche gaîment sous le soleil. Les chevaux, frais et bien repus, allaient d'un pas alerte, la longue file des chameaux se développait avec majesté dans la plaine, et leurs sonnailles semblaient chanter la fin des ennuis du repos, la joie de l'action, la liberté des grands horizons, l'espoir des belles découvertes. Hélas ! cette musique devait s'alentir bientôt et s'attrister dans la lassitude de l'interminable route, les bruits nombreux se taire l'un après l'autre jusqu'au silence final, lorsque le dernier de ces patients serviteurs se serait couché, épuisé, sur un mont désert. Mais qui, prévoyant cet avenir, y songeait alors ? Qui prévoyait que ces pertes mêmes seraient imperceptibles auprès de celles qui nous étaient réservées, qu'un jour viendrait où la mission entière serait dispersée, saccagée, près d'être anéantie sans laisser de traces, que des hommes, maintenant pleins de force, l'un des plus jeunes périrait après une longue agonie sur l'âpre terre des infidèles, qu'un autre surtout, le premier, le meilleur, le plus vaillant, le plus noble, le plus ardent ii la tâche, frappé d'une mort tragique, s'en irait, déplorable épave, rouler dans les flots d'un fleuve ? Au sortir de Tchertchen, notre imagination nous racontait un avenir différent et ne lisait dans le ciel que des présages heureux.

. Le 6 et le 7, nous fîmes halte ů Tokouz-Davân, le dernier lieu habité, et le 8 nous reprîmes la traversée de l'Altyn tâgh qui, de ce