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0235 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 235 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1893.   203

sitôt des hommes, nous serions nécessairement arrêtés bien avant d'atteindre le Nam tso, situé à près de quatre degrés plus au sud. Cependant un examen plus approfondi nous convainquit que ce campement avait été abandonné depuis plusieurs années, que ceux qui l'avaient établi en ces parages éloignés ne devaient pas avoir eu d'imitateurs, qu'en un mot il s'agissait d'une tentative isolée et tout exceptionnelle, et, en effet, nous marchâmes encore de longues journées avant de revoir de pareilles traces. Cette opinion était corroborée par l'allure peu craintive des animaux sauvages, assez nombreux dans les environs. Seules, les antilopes ne se laissaient guère approcher, se tenant dans le lointain, souvent à peine visibles, reconnaissables pourtant à leurs grandes cornes brillantes, droites, courbes ou torses. Les hémiones, semblables à de souples et fringants mulets, attirés par nos chevaux, venaient par deux, par trois, gambader près de la caravane, puis les gracieuses bêtes, inquiètes des choses insolites qu'elles voyaient, s'arrêtaient, et, au moindre mouvement, au moindre cri, détalaient, légères et rapides. Des familles d'énormes yaks aux longs poils noirs nous regardaient passer d'un air vaguement étonné et, seulement en entendant un coúp de fusil, s'éloignaient d'un trot pesant, le plus âgé de la troupe restant derrière. Ce patriarche recevait les balles avec une équanimité remarquable, se contentant d'agiter sa queue comme pour chasser les mouches. Un jour, nous dépensâmes contre l'un d'eux dix-sept balles de carabine de guerre et nous eri retrouvâmes une douzaine bien comptée dans son corps. La chair de cet opiniâtre animal était si coriace que nous n'en pûmes jamais manger même après plusieurs jours de cuisson. D'ailleurs, nous nous livrâmes rarement à la chasse qui nous eût troublés dans nos travaux et eűt épuisé rapidement la petite provision de cartouches qui nous restait.

Le 14 octobre, nous recommençâmes la traversée d'une puissante chaine de montagnes presque égale à l'Arka tâgh. Sur ses pentes septentrionales, quelques oignons sauvages croissaient jusqu'à près de 5,300 mètres d'altitude; au .delà la stérilité était absolue. Le vent d'ouest, qui ne nous avait pas fait grâce une heure depuis que nous