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0239 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 239 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1893.   201

moutons dans la montagne, des blés dans la campagne (koy tâghda, boghday bàghda). C'était une occasion que Parpai avait longtemps révé de rencontrer en ses voyages ; il ne la laissa pas échapper. Depuis longtemps ce vétéran de l'exploration ne méritait plus son nom qui rappelait le divin Achille aux pieds rapides (Parpai signifie pied ailé) ; il avait pris de la lourdeur avec l'àge; mais il avait conservé une barbe belle et noble, avait acquis de l'expérience et le vieux renard savait comment on prend les poules. Aprés une intrigue. vivement menée, il gagna le coeur et la main de la dame, ses moutons et ses blés. L'ancien mari, qui se repentait de sa détermination, mais qui, selon la loi musulmane, ne pouvait reprendre sa femme sans qu'elle eùt passé par un autre mariage et un autre divorce, avait aidé Parpai dans son entreprise, espérant qu'•avant son départ il rendrait la liberté à la jeune personne. Or, ni celle-ci, ni à plus forte raison Parpai, ne l'entendaient de cette oreille ; ce que voyant, la famille (le la dame essaya de faire casser le mariage ; elle avait de l'influence, l'ancien mari se joignit à elle ; mais il.n'y avait pas à revenir sur les faits accomplis : la triple et irrévocable répudiation avait été prononcée; depuis, jusqu'à la nouvelle union, le terme légal. de cent jours s'était écoulé : Parpai était bel et bien propriétaire. Seulement, il redoutait que les plaideurs malheureux ne profitassent de son absence pour retourner à la charge,

travailler les juges, changer le coeur de la jeune femme, provoquer la rupture du mariage; et voilà pourquoi notre homme était inquiet,

malade et voulait s'en aller. Nous lui fîmes savoir que la discipline ne permet pas que l'on quitte ses chefs en campagne et nous le renvoyàmes a son ouvrage.

Enfin, le 21 octobre, le soleil reparut et nous reprîmes notre marche au milieu de ces solitudes désolées et infinies, dont la tristesse

ne saurait s'exprimer. Maintenant comme auparavant, chaque jour, on

traversait de hautes vallées arides, on longeait des lacs bleus, on franchissait des cols couverts de neige, et, chaque soir, on voyait devant

soi de blanches montagnes dresser leurs masses majestueuses et glacées, des vallées s'étendre, mornes et stériles, des lacs déployer leur azur