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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0241 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 241 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORA'T'ION DE '1893.   209

de nouveau dans son linceul de neige. Une fois seulement, le 23 octobre, le voile déchiré découvrit une merveille. Dans la blancheur perlée et sans tache d'une vallée, dominée par des pics éblóuissants, un lac limpide dormait, dont le bleu profond était adouci et poli délicieusement par les blancheurs environnantes, de même que l'azur du ciel devenait plus tendre à mesure qu'il s'abaissait sur l'horizon et prenait une teinte opaline au voisinage de la neige des monts. Le rapprochement dans la pure lumière de ces deux couleurs uniques, le bleu et le blanc, qui se fondaient graduellement l'une dans l'autre, formait une harmonie dont la splendeur délicate est impossible å décrire et que rendait plus parfaite encore le calme suprême qui régnait; car le moindre bruit, le moindre mouvement eût semblé une discordance dans ce tableau. Nos grossiers chameliers eux-mêmes ne furent pas insensibles å cette beauté des choses ; mais la neige faisait chèrement payer ses effets pittoresques par les effets désastreux qu'elle avait sur les yeux des hommes, qui furent complètement aveuglés pour quelques jours et souffrirent d'intolérables douleurs. Dutreuil de Rhins ne fut pas épargné et je fus un jour le seul voyant de l'expédition. Aux difficultés accoutumées : la rareté du combustible, puisqu'on en était toujours réduit å celui produit par les animaux sauvages, le manque fréquent d'eau douce mal compensé par la neige ou la glace, se joignait l'humidité des campements dans la neige avec une température non encore éprouvée de 36° au-dessous de. zéro. Toutefois, instruits par l'expérience, nous réussissions mieux qu'auparavant à nous tenir au chaud la nuit et à éviter qu'une sensation de pieds gelés n'interrompît ce sommeil pesant, profond, comme on n'en connaît que dans ces hautes altitudes, sommeil qui nous procurait l'oubli absolu de la désagréable réalité. Mais le réveil était dur. 11 fallait, pour préparer le départ, se lever dans la nuit noire å l'heure la plus froide. On sortait de la tente, les membres lourds, les hommes allaient et venaient lentement avec des mouvements endormis, tàtonnant dans l'obscurité, les animaux secouaient paresseusement leurs corps las et gourds, chargés de glaçons, les voix s'assourdissaient dans l'espèce de

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