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0244 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 244 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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212   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

une coupée semblant offrir un passage relativement facile : c'est probablement par là qu'avait passé le capitaine Bower dans l'important voyage qu'il venait de faire du La-dag au Seu-tchouen, voyage dont nous n'avions pas alors connaissance.

Le lendemain et le surlendemain nous traversâmes deux cols qui nous menèrent dans une vaste vallée herbeuse, se dirigeant indéfiniment vers le sud-est et s'étendant entre le versant méridional des montagnes dont nous sortions et une magnifique chaîne neigeuse dont les pics se dressaient h perte de vue, resplendissants et rangés au cordeau comme une ligne de cuirassiers au port d'armes. Cela rappelait d'une manière frappante l'aspect du Transalay vu de Sary-tâch, mais avec quelque chose de plus imposant. La neige et le brouillard avaient enfin disparu et l'on voyait des restes de campements récemment abandonnés. Ce fut un grand soupir de soulagement et cependant tout n'était pas fini. L'altitude était toujours considérable, entre 4,400 et 4,800 métres, le froid ne s'apaisait point, l'herbe abondante était peu goûtée des chevaux, qui la trouvaient trop dure, inutile aux chameaux, qui ne peuvent manger que de l'herbe longue. Nous avions déjå perdu seize animaux et les survivants faisaient peine à voir. La proximité même des hommes était une source d'inquiétudes, non pas que nous eussions la moindre crainte pour notre sécurité, mais nous savions qu'on tenterait de nous barrer le passage.

En suivant la vallée, très giboyeuse et fréquentée encore par des troupes (le chevaux sauvages, nous arrivâmes, le 7 novembre, au bord d'un torrent où nous découvrîmes un foyer avec des cendres chaudes. Le lendemain enfin, deux mois jour pour jour après avoir quitté les derniers lieux habités du Turkestan, nous rencontrâmes le premier Tibétain, rencontre tout ensemble crainte et désirée. C'était un pâtre, assis d'un air désespéré près de sa chèvre malade. Son visage anguleux et sauvage, noir de hâle et de crasse, perdu dans la broussaille inculte de sa chevelure, nous fit plaisir à voir. Je ne saurais dire que le pauvre hère éprouvât le même sentiment ; il était, pour employer une expression chinoise, hagard comme un veau qui vient de naître. Il nous