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0246 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 246 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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214   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

Trois hommes et une femme vinrent nous voir ; les types et les vêtements étaient fort semblables à ceux des Tibétains que nous avions rencontrés l'année précédente à Mang-rtsé, sauf que la coiffure de la femme était différente, divisée en une multitude de tresses serrées grosses comme la moitié du petit doigt. Au reste, ils avaient la mine très pacifique, mais ils étaient d'autant plus défiants qu'ils avaient deviné notre qualité d'Européens, ce qui nous étonna, car nous ignorions que M. Bower eût passé récemment par là. Pendant que les hommes examinaient curieusement ce que nous voulions bien leur laisser voir, la femme s'était mise à parler franchement, sans songer à mal, de ce qui nous intéressait, des routes, du Nam tso, le lac du Ciel, de Sen-dja, la résidence du grand chef, de Nag-tchou-ka où l'on va faire le commerce. Mais son mari se rapprocha bientôt et lui dit brusquement : « Tais-toi, tu ne sais rien. » Puis, bourrant sa longue pipe de fer, et croisant les jambes, il s'assit sur le sol en ramenant avec soin sous lui son vêtement de peau de mouton. — « Je ne sais, reprit-il, si les femmes sont comme cela chez vous ; mais par ici elles sont toujours à bavarder à tort et à travers : chansons que tout ce qu'elle vient de vous raconter ! Interrogez-moi et vous serez renseigné. » Il fut désormais impossible de rien apprendre. Evidemment, depuis que M. Bower était venu, ces braves gens avaient reçu des ordres sévères et terribles. Le lendemain, un homme se présenta, de tout point pareil aux autres, sinon qu'il avait un sabre passé en travers de la ceinture. Il était grave et cérémonieux ; en nous abordant, il tira son vaste chapeau de fourrure, qu'il avait mis tout exprès pour la circonstance afin de pouvoir l'ôter, se pinça l'oreille gauche, montra une langue grande comme la main, et par ces mots il commença : « Révérends seigneurs ! s'il ne dépendait que de moi, je ne viendrais pas vous importuner ; mais les ordres formels que m'a donnés notre vénérable maître, le seigneur lama de Sen-dja dzong, me forcent de vous adresser une prière... C'est que, voyez-vous ! ajouta-t-il, après une hésitation et cessant tout à coup d'être solennel, si vous allez plus loin on me coupera la tête et, si cela ne vous faisait rien, j'aimerais mieux la garder. » — « Mon