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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0248 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 248 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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216   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

quement et leur enjoignit 'de ne plus se montrer dans un rayon de deux cents mètres. Au fond, les malheureux pâtres étaient bien éloignés de vouloir employer la violence : ils faisaient le métier de gendarmes ů leur corps défendant et ils éprouvaient la sensation désagréable de quelqu'un qui est placé entre l'enclume et le marteau. Le 13, nous campâmes au bord d'un grand lac d'eau douce, le Tchar-gad tso, qui s'étalait dans le fond d'un cirque de montagnes neigeuses dont les pieds baignaient dans les eaux au bleu vif, continuellement grondantes. La vue en était fort belle et Dutreuil de Rhins la comparait ů celle que l'on a entre le Bosphore et les Dardanelles par un beau temps d'hiver après une tombée de neige. Le lendemain et le surlendemain, nous suivîmes par un étroit sentier la côte du plus joli lac qu'on puisse imaginer, resserré, sinueux comme un serpent de saphir, chatoyant au soleil et tressaillant â la brise, exactement enchâssé entre des parois marmoréennes, se glissant dans des criques aux découpures capricieuses, contournant des promontoires curieusement et nettement taillés, se prolongeant encore par derrière les rochers qui semblaient le borner. C'eût été une promenade délicieuse si le froid n'avait été si âpre. Le 16, nous nous retrouvâmes dans un de ces paysages désolés d'autrefois, dans une vaste vallée, couverte d'efflorescences salines, avec, au pied des grands monts blafards, un lac salé et pris par les glaces, qui s'étendait au loin, indéfiniment morne et triste. C'était le premier lac gelé que nous rencontrions, comme aussi le plus grand que nous eussions encore vu. On l'appelle Gya-ring tso, nom qu'il mérite par sa longueur exceptionnelle de cent kilomètres. C'est sur sa rive méridionale que M. Bower fu t arrété et obligé à rebrousser chemin. Au nord s'élèvent de hautes collines, derrière lesquelles est située une vallée plus habitable. Nous nous dirigeâmes de ce côté par un terrain aride, crevassé, raviné, semé d'étangs gelés, couvert d'efflorescences salines ou de pierres schisteuses, formant parfois des sortes de remblais ou de murailles en démolition. Il soufflait une de ces bises atroces, violentes, glaciales, aiguës comme une pointe d'épée, qui nous faisait répéter le cri arraché au cour du P. Huc : En vérité, le Tibet est un pays