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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0251 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 251 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1893.   219

de Rhins fut convaincu que si les Tibétains lui disaient qu'il avait tort, c'est qu'il avait raison, et il continua. Ce raisonnement n'était pas juste. Le ravin nous conduisit h une haute montagne abrupte, chargée de neige dont l'épaisseur atteignait plusieurs mètres au sommet. L'ascension nous en coûta trois chameaux et un cheval. A six heures du soir, nous arrivâmes, comme l'obscurité était déjà complète, au fond d'un précipice, où il fallut faire descendre les animaux un par un, en les tenant par la tête et la queue. Le préfet se garda de nous suivre de ce côté ; il passa par le bon chemin et, le lendemain matin, nous le trouvâmes installé devant nous dans la vallée. S'il avait été en force ou de force, nous étions pris comme dans une souricière. Nous nous mîmes en marche comme si de rien n'était. Arrivés par le travers du campement tibétain, nous aperçûmes le préfet qui s'avançait avec deux ou trois hommes seulement, signe visible de ses intentions pacifiques. C'était un homme assez jeune, imberbe, la physionomie placide et l'air hésitant. Il nous supplia avec des larmes dans la voix de nous arrêter : on lui couperait la tête si nous allions plus outre, si au contraire nous daignions accéder à sa prière, il nous fournirait tout ce qui nous serait nécessaire, userait de son influence pour obtenir du gouvernement de I.ha-sa qu'il nous laissât aller partout où nous voudrions. Dutreuil de Rhins répliqua brièvement qu'il ne pouvait s'arrêter au milieu des champs de neige, que ses instructions l'obligeaient de se rendre au moins au Nam tso, qu'il entendait négocier directement avec le pouvoir central, qu'au surplus il avait un passeport de Pékin, et il passa. Le lama, descendant de cheval, saisit le mien par la bride et recommença sa litanie désolée, s'agenouillant presque. Je poussai ma monture pour me dégager ; mais la pauvre bête, exténuée, ayant déjà une goutte de sang perlant à ses naseaux, s'embarrassa dans les innombrables trous dont le sol était creusé et tomba. Cet incident ridicule, dont le préfet parut fort penaud, me délivra aussitôt de ses instances. Je partis et je le vis un moment agitant d'un air éploré ses vastes manches jaunes comme un oiseau ses ailes. Au fond, il était perplexe, ne sachant au juste les termes de notre passeport, et, homme bien