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0259 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 259 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1893.   227

l'arrivée des négociateurs de Lha-sa. I1 en vint deux d'abord : un religieux qu'on honorait du titre de rdjé-tsoun, lama de l'entourage du Gya-bang rin-po-tché ou Talé lama, et un laïque, mi-dpon ou préfet de la ville de Lha-sa. Celui-ci, qui était d'un âge múr, avait les lèvres minces, les yeux vifs, les mouvements rapides pour un Oriental, de beaux pendants d'oreilles et de belles bagues aux doigts, était l'orateur de l'ambassade. Rien qu'à voir, lorsqu'il s'apprêtait à parler, sa façon d'avancer la tête, son air suffisant et content, son geste victorieux, on le sentait convaincu que son éloquence allait immédiatement renverser tous les obstacles. Pendant que se déroulait le flot abondant de son discours, son collègue, le lama, jeune homme à la . physionomie avenante et placide, écoutait, se taisait, souriait doucement de temps h autre, égrenait son rosaire sans fin ni trêve, priant sans doute pour le succès de la négociation. Le mi-dpon, en nous présentant les Ka-tag traditionnels, nous dit qu'à la nouvelle de notre arrivée le gouvernement les avait envoyés tous deux afin de nous présenter ses respects, de nous rendre les honneurs qui nous étaient dus, de s'enquérir de nos besoins et de les satisfaire, de nous indiquer les routes les plus sures et les plus commodes, de nous mettre å même enfin de continuer notre voyage dans les meilleures conditions possibles. Nous répondîmes que nous étions fort reconnaissants au, gouvernement des attentions qu'il avait et des soins qu'il prenait, et que nous pensions de notre devoir de l'aller remercier à la capitale même. — « Assurément, reprit le mi-dpon, nous serions profondément honorés et charmés d'accueillir it Lha-sa des hôtes aussi distingués que vous, mais la loi du pays, fondée sur une tradition séculaire, s'oppose à votre admission sur le territoire tibétain ; nous ne pouvons, â notre grand regret, que vous aider à sortir d'une contrée oit vous n'auriez pas dû entrer. » — « La loi dont vous parlez a été faite contre vos ennemis ; il n'est pas à propos de l'invoquer contre vos amis. Vous ne sauriez douter que nous ne soyons

1. Se prononce mi dpeun, ou quelquefois mi rpeun. Dans le Tibet central on se prononce eunn bref et clair comme en anglais : pun, fun.