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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0270 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 270 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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238   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

allé à quelques centaines de mètres du campement pour mesurer au théodolite les principaux pics des environs, il s'évanouit et l'on dut le rapporter à la tente. Les animaux fourbus, ne trouvant point d'herbe mangeable, étaient incapables de se remettre. Les chevaux, flageolant, flottant comme des loques au vent, erraient d'un air désolé ; les plus familiers venaient flairer nos poches ou soulever la portière de notre tente pour demander la nourriture que nous ne pouvions leur donner; ils n'avaient plus la force de mâcher leur orge et, chaque jour, l'un d'eux, devenant tout à coup immobile et regardant fixement quelque chose devant lui de ses yeux vitreux et chargés d'eau, se mettait brusquement à tourner sur lui-même et s'abattait pour ne plus se relever. Les chameaux restaient agenouillés, impassibles et solennels, tandis que de gros corbeaux, se posant sur eux, plongeaient la corne dure de leur bec dans les plaies purulentes, avec l'air de satisfaction tranquille d'un bon bourgeois à table, et c'est it peine si de temps à autre le supplicié tournait lentement, en grognant, son grand cou. On avait beau chasser les monstres noirs, ils revenaient sans cesse. Enfin, tous nos animaux périrent, sauf deux chameaux. Les alentours du campement furent changés en un charnier infesté de corbeaux et de vautours plus horribles encore, énormes, parmi lesquels il fallait se faire un passage i coups de pierres; alors, ils s'écartaient en voletant lourdement, se plaçaient å trois pas de nous et les infâmes croque-morts, qui semblaient bossus avec leur long cou pelé enfoncé dans leurs épaules, nous regardaient de leur oeil stupide et morne.

Nos hommes, qui du voyage et de ses misères avaient de cent piques par-dessus les épaules, excités par les récits de Parpai qui leur expliquait comme quoi on pouvait regagner en deux mois la Kachgarie, demandèrent leur congé ; et, je le dis â regret, le Russe était à leur tête. Il le fit sans doute par entrainetnent et par sottise de blanc-bec plus que par mauvais vouloir. Notre secrétaire chinois lui-môme, qui avait été vertement tancé par le vice-légat de nous avoir prêté son concours et d'avoir écrit pour des Européens une lettre trop bien tournée, qui était revenu de cette algarade plein d'irritation contre les

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