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0284 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 284 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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252   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

le 22, dans une grande vallée herbeuse auprès d'un lac qui s'allongeait à perte de vue au nord-ouest. C'était le Boum-tso, qui correspond au lac porté sur la carte de Dutreuil de Rhins sous le nom mongol de Bouka nor. A mon arrivée, je vis que le lama-préfet de Nag-tchou et Dutreuil de Rhins étaient en excellents termes et causaient familièrement sans se comprendre. Tout en riant, le lama, avec son air de brave curé de campagne, essayait de faire entrer dans la tête de son interlocuteur diverses prières bouddhiques. « Voyez-vous, lui disait-il, la religion est nécessaire à l'homme. Allons ! répétez : Om mani pêtmé hou m !... Non, non ! pas padmé ! comme ceci : pêtmé... du nez... Ah ! bien ! vous y êtes... Répétez-le seulement dix mille fois par jour, vous vous en trouverez bien. »

Jusqu'à Nag-tchou le pays est accidenté de petites montagnes, aux contours généralement arrondis, vêtues d'herbe, séparées par des vallées qui s'étendent en liberté, offrant la route la plus facile que l'on puisse souhaiter au Tibet. Le 24 janvier, nous pass<<mes par le travers du lac Boul-tso, ainsi nommé du borax qui abonde sur ses bords, le 26, nous franchîmes la Rivière Noire ou Nag-tchou qui n'est autre que la Haute Salouen et vient de l'Amdo-tso-nag. Son lit s'étend sur une largeur de deux cents métres, mais alors quarante mètres seulement étaient occupés par l'eau gelée de la rivière. Le 27, nous

atteignîmes la plaine de Nag-tchou, entourée de collines basses aux lignes allongées, couverte par l'herbe d'hiver comme par un tapis râpe

et jauni. Au milieu étaient ramassées environ soixante maisons de

pierres, carrées, blanchies à la chaux, composées d'un seul rez-de-chaussée, que le couvent de Kyab-ten dominait timidement de son

unique étage et de son toit plat orné de banderolles multicolores.

La grandeur de la plaine rapetissait encore et aplatissait ce pauvre groupe de maisons. En entrant dans le village, la saleté et la misère des demeures, le silence et la solitude des allées fréquentées par des

chiens efflanqués, maussades et abjects dévoreurs de morts, l'absence de toute plante, de toute fleur, de toute loque pittoresque, de toute couleur claire, de tout ce qui eùt pu attacher et réjouir le regard