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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0291 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 291 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1894.   259

malade lui permettait de diagnostiquer un trouble de l'humeur loung-pa, en conséquence de quoi il administrerait un remède approprié, que si le malade devait guérir, il ne manquerait pas de se mieux porter,, mais que dans le cas contraire il péricliterait. Ce médecin était un vieillard de 80 ans, dont le visage florissant de santé, l'air de douce gravité et de simplicité convaincue, fortifiaient l'impression de confiance qu'inspiraient la sagesse et la science authentique de ses discours. Le pauvre Younous en fut réconforté et â peine eut-il pris les premiers remèdes prescrits par la Faculté qu'il se sentit soulagé ; toutefois, il ne négligeait point son âme et, quand il ne dormait pas, il lisait pieusement un petit livre qui contenait des prières extraites du Coran. I1 avait voulu rester dans la chambre commune avec ses camarades, et, un jour, le 19 février, juste trois ans après notre départ de Paris, passant devant la porte fermée, j'entendis å l'intérieur un éternuement suivi d'un grand et joyeux éclat de rire. J'entrai et j'aperçus au milieu des rieurs Younous agenouillé et le front sur le sol ; je m'approchai de lui, et lui relevant la tête, je vis qu'il avait cessé de vivre. Dutreuil de Rhins voulut envoyer chercher le médecin pour faire constater le décès ; il fut difficile de lui persuader que, d'après les idées tibétaines, c'eűt été faire au digne homme une mortelle injure. Nous procédâmes aux funérailles selon le rite musulman. Le préfet voulut bien permettre, malgré la coutume contraire du Tibet, que le corps fat enterré à quelque distance du village et, le 21 février au matin, dans la neige et le vent, nous accompagnâmes notre malheureux compagnon de route à sa dernière étape, au penchant de la colline. Cette terre dure refusa de s'entr'ouvrir pour recevoir la triste dépouille et il fallut se contenter de la déposer dans une crevasse naturelle. Un de nos hommes quelque peu clerc ayant dit les prières (les morts et prononcé les mots sacramentels : « Nous sommes à Dieu et nous retournerons å lui, » nous recouvrîmes le corps de lourdes pierres pour le mettre l'abri des chiens faméliques, à l'ceil luisant, qui nous avaient suivis et rôdaient å l'entour en glapissant de convoitise.

Cependant nous nous occupions de faire nos préparatifs et de

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