National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0297 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 297 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

EXPLORATION DE 1894.   265

mission, en l'empêchant d'aller directement à Si-ning sans s'approvisionner en route.

Le mauvais temps nous avait obligés å prolonger notre séjour à Nag-tchou un peu au delà du terme fixé. Les deux préfets commençaient A s'impatienter et à s'inquiéter, tremblant pour leur place, car le gouvernement de Lha-sa n'est pas tendre. Aussi, quand le 6 mars, le temps s'étant un peu amélioré, nous leur apprîmes notre départ pour le lendemain ils se sentirent soulagés d'un grand poids. Les relations qui menaçaient de se tendre s'assouplirent, les fronts assombris s'éclaircirent, les regards s'égayèrent, les paroles devinrent plus douces et plus aimables. Le lendemain nos deux amis se firent un plaisir de nous accompagner jusqu'à la premiére étape avec une escorte de trente cavaliers environ. En nous quittant, le préfet religieux, que son collègue laïque approuvait du bonnet, nous fit un discours d'adieux tout plein d'onction ecclésiastique. Il sut nous dire élégamment combien notre compagnie leur avait été agréable durant les trop courtes semaines que nous avions passées ensemble, combien ils regrettaient de nous voir partir si vite pour un long et difficile voyage et combien, cependant, ils se louaient de la sagesse que nous avions eue de ne point prolonger un séjour qui aurait pu leur causer tant d'embarras. Il espérait que nous ne leur en voudrions pas d'avoir manifesté quelque impatience et il termina en appelant sur nous les faveurs des dieux que nous méritions, dit-il, par notre loyauté et notre courage. Nous répondîmes å ces compliments le plus gracieusement qu'il nous fut possible et aprés un échange de menus cadeaux les deux fonctionnaires tibétains nous quittèrent, charmés de s'être acquittés sans accroc de la tâche épineuse que leur avait confiée leur gouvernement. Celui-ci s'empressa de les déplacer. J'ignore ce que devint le laïque, mais le lama fut nommé â une fonction importante dans le gouvernement central ; c'était un moyen de le récompenser de ses services et à la fois de lui éviter un nouveau contact avec d'autres voyageurs européens envers qui il n'aurait peut-être plus toute l'impartialité désirable.

Pour nous il nous semblait voir en même temps qu'eux s'éloigner

34