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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0298 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 298 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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266   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

le Tibet avec ses montagnes désertes, ses neiges, ses vents glacés, ses privations et ses misères. Sans doute le chemin qui s'étendait devant nous était hérissé de rudes montagnes encore, désolé par de vastes solitudes où régnaient le vent et le froid-; mais c'était le chemin du retour. Tout au bout notre imagination apercevait comme un mirage, sous un beau et chaud soleil, de riches campagnes, des cités populeuses, des maisons confortables et des arbres verts. L'avant-goût de cet avenir qui s'approchait adoucissait pour nous les amertumes présentes. Aussi, malgré notre santé ébranlée (Dutreuil (le Rhins avait la poitrine déchirée d'une toux obstinée et avait maigri visiblement, moi-môme je ne valais guère mieux), nous rendoss'imes gaîment notre harnais d'explorateur.

Les préfets avaient laissé pour nous accompagner une vingtaine (le cavaliers sous la conduite du « tong-yig ». Ils étaient tous assez braves gens, quoique très menteurs, et gais compagnons..Il était curieux de les voir avec leurs grands cheveux, leurs grands bonnets et leurs grands fusils dodeliner nonchalamment de la tête sur leurs petits chevaux trottinant, et faire tourner sans cesse leurs moulins à prières en marmottant d'interminables litanies pour tromper ou au moins pour sanctifier l'ennui (le la route. Arrivesh l'étape, et l'on était obligé de faire halte de tres bonne heure pour laisser aux yaks le temps (le manger, ils charmaient leurs loisirs en absorbant un nombre incalculable de tasses de thé beurré et en jouant aux dés ou à quelque autre jeu de hasard. Joueurs ardents, ils poussaient de temps en temps de petits cris vibrants et passionnés pour marquer leur joie ou leur colère aux différentes péripéties de la lutte. Jamais cependant nous ne les vîmes en venir aux mains ni se quereller violemment. Le soir venu, le tong-vig allumait sa lampe et quelques batons odoriférants, les plaçait sur un petit banc entre deux petits vases de fleurs symboliques et psalmodiait avec des inflexions de voix bizarres une prière qui n'en finissait pas. Souvent nous causions, et ces conversations, semées de mots et d'idées imprévues, contribuérent ii nous faire connaître et comprendre ce peuple original, sympathique malgré ses défauts et sa rudimentaire civilisation.