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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0303 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 303 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1894.   271

féroces et roulant des yeux sanglants. Mon interprète, qui me racontait comment il avait, lui seul et armé d'une simple lance, tué plusieurs loups dans les neiges du Karakoram, se mit å trembler comme la feuille et chercha å se dissimuler derrière moi, mais en vain, car il était beaucoup plus grand et plus gros. Il suffit d'ailleurs de faire mine de ramasser des pierres pour tenir les aboyeurs å distance et trans-fermer leur attaque en démonstration platonique, quoique bruyante. Enfin les Tibétains sortant de chez eux, tout bruit cessa. Ils nous saluèrent avec une respectueuse cordialité et nous conduisirent â la principale des trois tentes dressées en ce lieu. Plusieurs personnes y étaient réunies. D'abord deux femmes les joues couvertes de teu-dja, cet affreux enduit noir dont les Tibétaines se servent pour se garantir des morsures du vent : elles nous accueillirent d'un gai sourire qui éclaira un moment cette noirceur. L'une battait le beurre, l'autre, debout devant le fourneau de maçonnerie, faisait bouillir le thé dans une grande marmite; å sa robe de peau de mouton s'accrochait d'une main une toute petite fille qui coulait un regard incertain et craintif vers les mystérieux étrangers. D'autres enfants un peu plus grands, les yeux ronds d'étonnement, la main devant leur bouche entr'ouverte, nous regardaient, immobiles. Quelques bagatelles que je leur distribuai changèrent en joie leur surprise et ils se mirent ů rire silencieusement de toutes leurs dents et de tous leurs yeux à travers leurs cheveux en désordre. Assis å terre dans un coin, un lama pon-bo, aux longs cheveux gris, lisait å demi-voix des oraisons et faisait tourner son moulin ů prières. A notre entrée, son attention ne se détourna pas et il ne répondit même pas aux courtes paroles que je lui adressai ; car la majesté de celui avec qui il causait ne permettait aucun partage de conversation. Enfin, me priant de m'asseoir, l'on étendit au haut bout de la tente une petite pièce de feutre, la plus belle sans doute que l'on eùt trouvée ; elle était, hélas ! fort usée et mangée de vermine, mais elle amortissait encore la rudesse du sol. Les cinq hommes présents s'assirent à leur tour, bourrèrent leurs pipes ; les femmes servirent le thé et la conversation s'engagea. Elle fut pleine de cordialité et de