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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0318 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 318 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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286   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

autres on admettra plus facilement la légitimité de cette différence, on se sentira moins de force à lui contester son droit à n'être pas semblable aux autres; mais que le même homme se montre au milieu de plusieurs centaines de personnes toutes pareilles entre elles et différentes de lui seul, son originalité paraîtra en toute évidence contraire au sens commun, absurde, inadmissible.

Malheureusement il ne nous suffisait pas de voir tranquillement ce qui se passait; il fallait nous procurer des vivres, et, quoiqu'il y eût sur la place tout le nécessaire, il nous fut impossible de rien obtenir. Les gens évitaient de nous parler, et quand ils ne pouvaient faire autrement; ils nous déclaraient que les lamas avaient interdit de vendre quoi que ce fût aux étrangers. Nous essayâmes de parlementer, de négocier; mais en vain. Les marchands chinois eux-mêmes, plus particulièrement obligés par notre passeport impérial à nous venir en aide, se dérobaient à nos instances, poliment et froidement. Contrevenir aux ordres des lamas eût compromis leur commerce; toutefois voulant sauver la chèvre et le chou, ils nous envoyèrent à notre campement avec des compliments et de belles paroles un petit sac de riz, un morceau de beurre et une brique de thé. Le beurre était rance et le thé moisi, mais l'intention valait mieux et nous leur en sûmes gré.

Le plan primitif de Dutreuil de Rhins étant désormais inexécutable, il fut décidé qu'on gagnerait Gyé-rgoun-do, centre commercial assez considérable et résidence de deux interprètes (t'oung-cheu) du Légat Impérial de Si-ning qui font fonction d'agents consulaires. Nous étions assurés de pouvoir nous y procurer ce dont nous avions besoin. Or Gyé-rgoun-do n'est qu'à quinze jours de marche de Ta-chi gon-pa et nous avions encore pour un mois de vivres. Nous avions donc la faculté, au lieu de nous borner à suivre la route, de faire d'importantes reconnaissances å droite et à gauche dans le bassin du Haut-Mékong, en sorte que la mauvaise volonté des lamas, loin de diminuer l'intérêt scientifique de notre exploration, l'augmentait, et ne semblait offrir d'autre inconvénient que d'allonger notre voyage. Nous ne nous doutions pas que cela devait nous conduire au désastre de Tong-bou-mdo.