National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0326 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 326 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

294   MISSION SCIENTIFLQUE DANS LA HAUTE ASIE.

regret, puis se rétractaient, affectaient de se méprendre sur nos propositions et de confondre les yaks les uns avec les autres. Enfin, ayant épuisé leur provision de thé, de tsamba, de ruse et de patience, ils se contentèrent d'un petit gain faute d'un gros. Nous leur abandonnâmes nos quatre bêtes les plus mauvaises contre leurs deux meilleures. Les fripons, feignant de se bousculer dans la précipitation du départ, essayèrent d'emmener les bons yaks en nous laissant les mauvais; mais ils comptaient sans leur hőte et ils en furent pour leur courte honte.

Le 21 mai, nous fîmes l'ascension du Ser-kiern lei, derrière lequel est Gyé-rgoun-do. C'est une montagne â terrasses élevées les unes au-dessus des autres. Quand on a gravi une côte trés roide, haletant et suant, et qu'on se réjouit d'arriver au bóut de sa peine du jour, on s'aperçoit qu'on á encore une cőte semblable au-dessus de sa tête. On met une sourdine â sa joie, on remonte son courage et l'on reprend l'ascension. Nous campâmes au cinquième étage. A peine installés, nous vîmes passer deux Chinois â pied avec quelques hardes sur le dos. C'étaient deux marchands dont les Tibétains avaient volé les animaux pendant la nuit et qui s'en retournaient â Gyé-rgoun-do en ce piètre équipage pour porter plainte â l'agent du Légat Impérial. Ils ne se faisaient pas d'illusions sur le caractère platonique de cette démarche, mais il leur fallait cependant rentrer pour se procurer d'autres bêtes.

Le lendemain, après avoir franchi le sixième et dernier étage, nous descendions par un sentier tortueux semblable â un balcon ménagé dans le flanc â pic de la montagne et suspendu au-dessus d'un profond précipice, lorsque tout â coup, â un tournant du chemin, nous aper-

çűmes devant nous, plantées au sommet d'un rocher, les constructions carrées d'un monastère avec son temple aux bandes jaunes, bleues et

rouges, et, plus bas, s'égrenant au penchant de la montagne, les maisons blanches d'un petit village des Tibétains Tao-rong-pa. C'était Gyé-rgoun-do. Le fond de la vallée est par 3,800 mètres d'altitude seulement : en quelques heures nous avions descendu de 1,100 mètres.

Cependant nous avions envoyé en avant notre interprète pour