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0344 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 344 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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312   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

commenç imes å tirer, mais avec ménagement, car nous n'avions en tout que soixante et douze cartouches. Nous suivions alors la côte de la montagne sur la rive droite, précisément en face des maisons et à portée des fusils tibétains, sans pouvoir nous écarter à droite parce que la montagne est taillée à pic. Le passage était d'autant plus dangereux que l'étroitesse du chemin nous forçait d'aller ii la file. Je quittai Dutreuil de Rhins pour gagner la tête de la caravane, la diriger le mieux possible et prendre moi-même un fusil à l'un (les hommes qui en ignoraient le maniement. J'atteignis notre secrétaire chinois qui traînait son cheval par la bride et tandis que je détachais son fusil pendu A l'arçon de la selle, deux balles frappèrent coup sur coup le pauvre animal qui tomba. Tout en tirant dans la direction des Tibétains qu'on continuait A ne pas voir, je pressai la marche de la caravane qui était fort ralentie par les bêtes blessées. Quelques pas encore et le mauvais passage serait franchi ; la montagne cessait d'être il pic, on pouvait en gravir la pente, se mettre hors de la portée des fusils ennemis, tourner de notre côté l'avantage de la position. Soudain, j'entendis des cris de détresse; je compris que Dutreuil de Rhins avait été blessé. Me retournant, je le vis à quelque trente pas de moi debout encore, s'appuyant sur sa carabine. Je me précipitai et il tomba, défaillant, clans mes bras. Il avait eu la funeste idée, au lieu de poursuivre sa marche, de s'arrêter quelques instants pour tirer, ce qui était doublement dangereux ; car, ayant mis ce jour-là sa pelisse le poil en dehors, il était très reconnaissable et autant les Tibétains sont inhabiles ii toucher un but en mouvement autant ils tirent juste sur les objets immobiles. Je couchai l'infortuné sur une pièce de feutre å un endroit oii la route s'élargit un peu et derrière un petit mur d'un pied de haut de sorte qu'il fat à l'abri des balles. J'envoyai Mohammed Iça auprès de l'agent chinois de Gyérgoun-do avec ordre de l'amener sur-le-champ, et je fis mettre en liberté les chevaux précédemment saisis, espérant que les Tibétains nous accorderaient au moins un moment de répit dont je profiterais pour préparer une litière et emporter le blessé au plus vite. La vue de la plaie ne me laissa point d'espoir : la balle avait pénétré profondé-