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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0345 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 345 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1894.   313

ment dans le bas-ventre un peu au-dessus de l'aine gauche : « Ne me touchez pas, murmura-t-il, je souffre trop. Arrangez-vous avec les Tibétains et ramenez la caravane ů l'endroit d'oh nous venons. » Et il demanda un verre d'eau.

Conformément à ses ordres, j'envoyai le cuisinier, qui connaissait la langue tibétaine, parlementer avec les indigènes. J'avais peu de confiance dans le succès de cette négociation, quoique la fusillade eût cessé momentanément ; mais outre que les instructions de Dutreuil de Rhins étaient formelles, il n'y avait pas dans l'état oit il se trouvait de meilleur parti à prendre. Cependant je fis préparer un brancard avec un lit de camp, et je commençai un pansement sommaire selon les instructions médicales que j'avais. Le blessé prononça encore quelques paroles indistinctes, comme s'il rêvait : « Bandits !... Travail perdu... Beau temps pour partir ». En effet l'air était clair et le ciel bleu. Alors le malheureux, qui était prêt pour le suprême départ, vomit du sang et s'évanouit. Sa tête et ses mains étaient plus froides que les pierres du chemin.

On avait enfin apporté le lit de camp, mais il manquait les bâtons pour le soutenir. On alla à leur recherche, tandis que les autres hommes â environ cent cinquante pas de moi, tout près d'un petit hameau dont les habitants n'avaient heureusement pas pris part â la lutte, s'efforçaient de rassembler les yaks dispersés et de recharger les bagages tombés. L'encombrement, le manque de sang-froid de nos hommes, l'absence de leurs chefs, retardèrent cette besogne plus qu'il n'aurait convenu. J'étais toujours seul auprès de Dutreuil de Rhins qui ne reprenait pas connaissance et se refroidissait de plus en plus, lorsque je vis dans le bas de la vallée trois Tibétains filer en baissant le dos, se tapir derrière un mur il cent mètres en face de moi et me tirer dessus. Des balles vinrent s'aplatir sur les ferrures de la caisse de pharmacie oit j'étais appuyé et je n'avais pas sur moi une cartouche pour riposter. En même temps mon parlementaire revenait en courant : « Ils ne veulent pas que nous restions, criait-il, il faut partir tout de suite. » Et il faisait un détour pour m'éviter, craignant

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