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0346 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 346 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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314   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

sans doute que je ne l'arrêtasse ; mais je n'eus même pas l'idée de l'essayer tant il avait peur et tant il courait vite. Le pauvre garçon venait de voir la mort de prés et cette vue lui avait mis le coeur dans les jambes. Je lui donnai des ordres pour la caravane, qu'on m'apportât sur le champ les bâtons de la litière, qu'on mît rapidement le convoi en marche et que les hommes armés me rejoignissent. Il fallait deux minutes pour exécuter cette commission. Malheureusement• il ne se hâta point de transmettre mes ordres. Je l'aperçus, causant avec un Tibétain du hameau voisin, qui agitait sors chapeau et faisait de grands gestes comme pour interposer sa médiation auprès des agresseurs, et, cependant, nul ne venait à mon aide et la fusillade éclatait sur plusieurs points à la fois. Les ennemis s'approchaient, se multipliaient. J'appelai ; aucune réponse. Je courus chercher moi-même l'homme et les objets dont j'avais besoin pour transporter le blessé. « Partez vite, me dit le Tibétain au chapeau, et l'on cessera le feu. » Estimant dangereux (le descendre avec la route au fond de la vallée, je commandai de marcher A. mi-côte au-dessus du hameau qui avait gardé la neutralité; mais les habitants s'y opposèrent catégoriquement et je ne crus pas utile d'augmenter le nombre de nos ennemis. Tandis que Razoumof tirait des caisses les quarante cartouches' qui y étaient enfermées, je voulus rejoindre Dutreuil de ßhins. Il était trop tard ; les Tibétains, toujours plus nombreux, car il en venait sans cesse des autres villages, s'étaient avancés et postés de manière â m'empêcher de revenir sur mes pas. Comme il arrive constamment en pareil cas, je regrettai amèrement de n'avoir point suivi la première idée que j'avais eue de filer tout de suite, malgré la volonté même de mon chef, oubliant les raisons qui m'avaient fait rejeter cette idée, et qui, si t'eût été à recommencer, m'eussent encore obligé à agir de même. Eri ce moment un dilemme douloureux se posait à moi : ou bien abandonner notre chef A son sort désormais inévitable, mais sauver ce à quoi il tenait

1. I1 y avait en outre quelques cartouches, cinquante peut-être, pour le Wintchester de Dutreuil de Rhins ; mais nous ne pûmes les trouver.