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0348 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 348 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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316   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE. ASIE.

eu la plus grande peine A retenir jusque-lb, prit la fuite et je dus céder A la force. Je me retirai lentement, la lance dans les reins, sous les huées furieuses des Tibétains que ma lenteur exaspérait et sans cesse ils tiraillaient contre moi, m'étourdissant les oreilles du bruit des détonations et du sifflement des balles. J'étais convaincu alors que ma dernière heure était arrivée et que l'on ne m'épargnait un moment que pour me faire mieux sentir la saveur (le la mort. Cependant je marchais avec un calme qui, tout artificiel d'abord et étudié, devenait peu A peu comme naturel et sans effort. Tout A coup j'entendis le cri de « Ching ! ching ! Arrêtez, arrêtez ! » Je me retournai et je vis dix mousquets braqués sur moi et déchargés au même instant. Je tins ferme et l'on se jeta sur moi, on me fouilla, on me dépouilla de ma montre, le seul objet de quelque valeur que j'eusse alors, et le jeu de

  • tout A l'heure recommença. Peu après, toujours poussé par la foule hurlante des Tibétains, j'atteignis un de nos hommes, qui s'était assis derrière un resssaut de rocher. Il avait été blessé A la main et la vue de son sang qui coulait lui avait ôté môme le courage de fuir. En voyant les Tibétains, il se mit å trembler et A pleurer et se défit précipitamment d'un couteau de cuisine qu'il portait A sa ceinture. Le saisis-saut par le bras, je le secouai violemment : « Ce n'est pas le moment de pleurer, » lui dis-je et je l'obligeai A reprendre son couteau. Les Tibétains parurent singulièrement étonnés de cette scène; leurs cris et leurs menaces cessèrent. Je crus pouvoir en profiter, et, mettant familièrement la main sur l'épaule du plus hardi : « Allons par 1A, » lui dis-je en lui montrant le haut de la vallée. Un moment effaré, il reprit vite son assurance et, faisant le moulinet avec son sabre, il m'en déchargea sur la tête un grand coup, que je pus heureusement parer de mon bras gauche. En même temps les autres recommencèrent A vociférer, à me frapper, A me pousser, A tirer des coups de fusils et, me forcèrent A descendre de nouveau le long du torrent. Comme je passais au pied d'un assez gros village, suspendu au flanc de lå montagne, les habitants me lancèrent du haut des toits d'énormes moellons qui pensèrent m'écraser. Puis la trompette du couvent sonna, la fusillade se