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0363 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 363 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATIOiV DE 1894.   331

avait vacances, car nous tenions de la munificence des lamas quelques solides quartiers de bceuf conservé depuis l'automne dernier et se mangeant cru par lanières, à la mode tibétaine ; il en profitait pour faire la chasse à ses parasites ; d'autres dormaient étendus sur le sol, la tête à l'ombre et les pieds au soleil ; le secrétaire chinois, homme éminemment sérieux et qui de sa vie n'avait chanté, modulait, assis au rebord de la terrasse, une chanson à porter le diable en terre ; Mohammed Iça restait accroupi tremblant de peur dans un coin, vêtu d'une infâme souquenille de laine noire, sous couleur de deuil ; mais je reconnus bientôt que c'était en effet par peur de montrer ses habits européens, je lui fis quitter d'autorité son déguisement et mettre au jour son veston anglais orné de boutons de cuivre comme ceux des soldats de l'Inde ; pourtant, il avait raison peut-être ne pas oser les montrer, ces boutons, car ils ont coutume de briller sur des poitrines plus fermes.

Les jours venaient après les jours qui passaient, lents et désolés, aussi vides d'occupations que remplis de préoccupations. Mais il n'y a jamais de choses si tristes où ne se mêle quelque élément comique. L'intermède nous fut fourni par notre ami le tchag-dzôd de La-boug : il nous envoya une fois ses délégués bique et religieux pour nous dire qu'il y avait dans le trésor du couvent une machine européenne dont on ignorait l'usage, mais qu'on supposait destinée à hacher la viande ; elle était détériorée et le tchag-dződ me faisait savoir que si je voulais bien la réparer, j'acquerrais des droits sérieux ii sa reconnaissance. Je répondis que j'avais à mon service un artisan russe, ingénieux et adroit de ses mains, qui peut-être serait capable de rendre le service demandé. On nous apporta donc la mystérieuse machine : c'était une machine A coudre venue de Russie. En outre, comme il ne doutait pas que nous ne fussions en état de raccommoder également tout ce que les Européens savent fabriquer, le tchag-dződ nous envoya plusieurs autres objets, instruments ou armes hors d'usage : un revolver et un coucou américains, un fusil russe, une longue-vue anglaise, une montre française, deux boîtes à musique de Genève. Notre cour fut transformée