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0376 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 376 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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344   MISSION• SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

été surpris par les brigands avec sa caravane qui comptait quarante-deux hommes, au moment où il descendait du col qui mène du Ngo-ring tso au Kiang Tchou; comment les brigands, déchargeant leurs armes à feu et poussant des cris sauvages pour effrayer les marchands pacifiques, s'étaient précipités sur eux la lance au poing, avaient emmené les bêtes de somme, dépouillé les hommes de leurs bijoux, avaient échangé leurs vieux habits contre ceux plus neufs de leurs victimes. Mon interprète, qui depuis quelque temps interrogeait anxieusement l'horizon, s'écria tout à coup : « Voilà les Ngo-log ! » en montrant au loin dans la plaine une grande masse mouvante et sombre semée de points étincelants. C'était un immense troupeau de yaks sauvages dont les cornes luisant au soleil ressemblaient, de loin, aux lances d'un escadron. On rit fort du poltron et l'étape s'acheva gaîment quoique le danger ne fat pas seulement imaginaire ; mais nous avions si peu à perdre que, s'ils étaient venus, les voleurs eussent été volés.

Le 4 juillet, arrivés au bord d'un petit lac caché dans un repli des montagnes de la rive droite du Ma tchou, nous nous arrêtâmes de courts instants, séduits par le charme du paysage, si rare en ce centre de l'Asie. La pente des collines modérées était fourrée d'une herbe longue, drue et souple comme nous n'en avions jamais vu, et dans ce cadre étroit de verdure le lac souriait doucement sous le ciel pur. Il n'y avait d'autre bruit et d'autre mouvement qu'un léger bourdonnement d'insectes dans l'air, une fuite légère d'antilope au fond d'une gorge, le léger tremblement des rides scintillant à la surface de l'eau. On se serait volontiers attardé dans cette retraite paisible, chaude et lumineuse, qui ôtait quelque chose au poids dont nous avions le coeur alourdi. Mais il fallait marcher, car la route était longue et le temps précieux. On traversa le Ma tchou qui est en cet endroit une mince rivière, large de 50 mètres, profonde de 70 centimètres au plus. Il coule dans une de ces vallées qui sont précisément caractéristiques (le cette région, larges de plusieurs milles, planes, s'allongeant à perte de vue, ressemblant ů des allées de parc classique, démesurément agrandies, de même que les