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0392 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 392 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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360   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE AS[F..

sentation et en faire les frais, c'est la même admission gratuité du peuple, la même simplicité de la mise en scène et des décors, la même attribution des rôles féminins à de jeunes garçons, le môme mélange de tous les genres, de la tragédie, de la comédie, de la féerie, de la farce, de la parade de foire et de l'acrobatie avec, en plus, grand accompagnement de tam-tam et de cymbales. Comme au moyen âge les personnages déclinent leurs noms : Je suis un tel, fils d'un tel, exposent naïvement au public pourquoi ils sont venus, ce qu'ils vont faire, l'avertissent de ne point se méprendre sur leurs véritables intentions, lui font la morale, lui expliquent le lieu de la scène pour suppléer au décor absent; comme dans nos mystères des années s'écoulent en un clin d'oeil, et des centaines de lieues sont parcourues sans changer de place. Pour achever l'analogie, en Chine ainsi que dans l'Europe du moyen âge, les moralistes austères condamnent le théâtre autant que la société entière en raffole. « Notre àge, écrit Jean de Salisbury, a donné d'oiseux divertissements, prostitue ses oreilles et son coeur à la vanité. Mieux vaudrait ne rien faire que de s'occuper si honteusement. C'est à ce goïa pour les vains spectacles que nous devons toute la troupe des amuseurs : histrions, baladins, turlupins, faiseurs de tours et de culbutes, lutteurs et autres gredins ; et cette erreur a si bien prévalu que môme les nobles maisons n'y sont pas étrangères. » Un autre moraliste se plaint que « la passion pour ces divertissements est si forte que les bourgeois deviennent avares dans tout le reste afin (l'économiser en vue de la représentation et des débauches qui s'ensuivent: ils réchignent à payer une dette, mais non à dépenser le double dans leurs pièces. » Un traité chinois s'exprime en des termes peu différents : « Il y a des choses inutiles où les hommes prennent un plaisir excessif; tous les gens de ce bas monde sont comme des fous : quand il s'agit d'une bonne ouvre ils calculent, s'il s'agit d'un divertissement oiseux ils ne tiennent pas à leur argent ; on ne saurait être plus stupide. Les comédies ghtent le coeur des hommes, corrompent les moeurs. Entendre la comédie, dit le proverbe, affole le coeur. Cela n'est bon qu'à faire du mal aux gens. Et en effet ces histrions, déguisés en hommes et en femmes,