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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0410 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 410 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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378   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

l'origine s'en perd dans la nuit des temps. Certaines apparences ont pu faire dire ä quelques-uns que les Chinois sont foncièrement de froids rationalistes et des sceptiques. Rien n'est plus inexact ; ils sont au contraire d'une extrême crédulité, les mandarins aussi bien que les gens du peuple, quoiqu'ils affectent quelquefois une indépendance (l'esprit supérieure. Cette indépendance ne les empêche pas de recourir aux mêmes pratiques que le vulgaire parce que clans leur for intérieur ils ne sont point convaincus de leur inutilité. Si les Chinois se sont montrés en général tolérants à l'égard de toutes les religions, c'est que le naturalisme, loin d'être exclusif, est hospitalier par essence et susceptible d'une extension presque indéfinie. S'ils ont été réfractaires i la théologie et à la métaphysique du taoïsme, du bouddhisme, de l'islam et du christianisme, ce n'est point qu'ils répugnent au surnaturel, c'est qu'ils ont leurs croyances propres, sur lesquelles tout est fondé, famille, état, morale, bloc de granit primitif, au grain serré, contre lequel les flots de la propagande se brisent en vain. Une religion nouvelle n'a de chances de s'établir dans un pays que lorsqu'il y a contradiction et lutte, au moins latente, entre les croyances traditionnelles et la société; il se produit alors comme une fissure dans le roc par où pénètre le flot destructeur. Or lá Chine ne s'est point trouvée dans ces conditions. Le taóisme et le bouddhisme, il est vrai, sont parvenus à une situation, qui semble considérable à la première vue : ils ont fondé un clergé et des temples nombreux, ils ont acquis des biens et de l'argent, mais ils n'ont pas fondé d'Église, ils n'ont point acquis, en dehors de leur clergé, une seule Dîme à leur religion. Loin d'effacer les anciennes croyances 'et de se substituer à elles, ils n'ont obtenu de crédit que par leur souplesse å s'y accommoder, et, en se mettant pour ainsi dire à leur ombre, ils ont, h la longue, fait pénétrer clans lame populaire de vagues fragments de leurs conceptions ; mais l'ensemble de leurs

1. Par exemple la métempsychose des bouddhistes, l'élixir de longue vie des taoïstes, l'enfer des uns et des autres. Les Chinois qu'on interroge å cet égard sont fort embarrassés, ils n'osent guère avouer qu'ils croient it ces choses, mais ils ne sont pas sûrs qu'elles n'existent pas.