National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0439 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 439 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

LA CHINE SEPTENTRIONALE.   407

Je fus bientôt rejoint par deux fonctionnaires qui se rendaient au Turkestan et dont l'un parlait un peu l'allemand. Apprenant que je venais du pays où ils allaient eux-mêmes pour la première fois, ils entrèrent en conversation avec moi ; nous dînâmes ensemble, et au repas, aussi bien servi que si l'on eût été dans une grande ville, je vis que les Chinois n'étaient pas moins experts en l'art de voyager que les Anglais, auxquels ils ressemblent d'ailleurs par tant de traits. L'entretien se prolongea très agréablement jusqu'assez avant dans la soirée et finit par tomber, comme il était inévitable, sur les différences qui se remarquent entre le caractère des Chinois et celui des Européens :

J'ai connu h Chang-hai beaucoup d'hommes de l'Occident, dit l'un des fonctionnaires, qui était originaire du Kiang-sou. Tandis que toutes nos actions et toutes nos démarches sont régies par des règles minutieuses, vous avez une liberté d'allures qui nous étonne et vous fait passer, â tort sans doute, pour des barbares; en revanche vous êtes pleins de franchise et de loyauté, vos diplomates n'ont qu'une parole comme vos marchands n'ont qu'un prix, au lieu que nous sommes en quelque sorte h double fond et que nous ne disons jamais rien sans avoir une pensée derrière la tête que nous ne disons pas. » Il nous faisait trop d'honneur ou plutôt il nous croyait ou voulait nous faire croire plus naïfs que nous ne sommes. Grâce à Dieu ! l'Europe a toujours possédé des politiques et des hommes d'affaires qui, pour leur habileté à déguiser la vérité et la subtilité de leurs artifices, peuvent figurer fort honorablement à côté (les plus rusés Chinois, et,

cet égard, nous ne craignons aucune comparaison. Plaisanterie â part,. si dans. les négociations que nous avons eues avec eux, les Chinois se sont montrés si finassiers, c'est surtout qu'ils avaient conscience de leur faiblesse matérielle, qu'ils n'avaient guère d'autre moyen de se défendre que la dissimulation, l'équivoque et les stratagèmes de la politique, tous manèges inutiles å ceux â qui des canons perfectionnés et des flottes formidables permettent une facile franchise. Au point de vue privé, il ne faut point juger des moeurs de trois cents millions d'hommes par les fourberies de quelques valets et de quelques brocan